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vendredi 30 mars 2007

La Maison Tellier



Noir Désir. Lâchez ces deux mots au milieu d’une conversation entre amateurs de musique et le silence s’installera. Lorsque l’on parle de rock français, il est dur de passer à côté du sujet. Depuis que le leader du groupe bordelais est à l’ombre, celle de Noir Désir ne cesse de planer sur la scène rock francophone. Tostaky dans les oreilles, encore beaucoup d’entre nous se refusent à quitter la position fœtale lorsqu’il s’agit de laisser traîner ses oreilles sur quelque galette en provenance de l’hexagone, de peur sans doute d’y trouver quelques clones insipides de la bande à Cantat, ou pire encore de Damien Saez.

Pourtant, collectif blues/folk/country rouannais créé en 2004 au nombre indéterminé de musiciens (mais ça tourne toujours autour de 5 ou 6) qui portent tous des pseudonymes ringards (Raoul, Helmut et Léon Tellier), La Maison Tellier, auteur d’un album éponyme il y a un an tout juste, étonne à plus d’un titre. Tout d’abord, ils écartent habilement le choix cornélien sur lequel tout jeune groupe francophone bute tôt ou tard: celui entre la langue de Shakespeare et celle de Voltaire. Jonglant de l’une à l’autre, parfois même au milieu des chansons, la Maison Tellier s’affranchit ainsi de toute contrainte linguistique, qui fait parfois passer les groupes chantant en anglais pour des baltringues aux yeux des francophiles convaincus et ceux chantant en français pour des intellectuels pédants dans d’autres cercles. Ensuite, l’album dégage une saveur un peu particulière, celle d’une vision un peu naïve, candide, d’un far ouest normand imaginaire, un far ouest fait de bordels miteux (La chambre Rose, La Maison Tellier,…), tueurs à gages (Il n’est point de sot métier), et de delirium minables (Après Dissipation). Loin des clichés et poncifs à la Route 66 – chapeau de cow-boy dont nous gratifient souvent les amateurs de Country tendance square-dance, la Maison Tellier donne dans le sincère, créant une contrée imaginaire, sortie tout droit d’un livre d’images pour adolescents rêveurs.

L’ensemble est plutôt cohérent et d’excellent niveau, mais ce sont surtout les plages écrites en français qui tiennent le haut du pavé. Une me tient particulièrement à cœur : La Chambre Rose, qui dépeint un passage matinal au bordel (véritable « fil rouge » de l’album) ,et un moment passé avec une des filles, que l’on devine être d’une élégance tapageuse comparable à celle que Guy de Maupassant décrit dans la nouvelle qui donna origine au nom du groupe. Dans un registre un peu plus surprenant, il figure sur cet album une reprise bien léchée du mythique « Killing in the Name », des Rage Against The Machine, où le texte anti KKK et engagé des Rage se mélange avec bonheur au son fleurant bon les Etats du Sud de la Maison Tellier. C’est cette reprise qui permit au groupe de percer au-delà de la scène locale normande et de passer sur quelques radios nationales françaises.

Des textes soignés sur une folk classieuse, aux références nombreuses (on pense notamment à Calexico lorsque les trompettes apparaissent ça et là) sans pour autant tomber dans le plagiat éhonté , la Maison Tellier, bordel provincial, à certainement son mot à dire dans une scène rock française un peu noyée par l’effervescence de l’anglo-saxonne. À noter qu’un deuxième album est programmé pour cet automne, histoire de voir si le country rock français a de l’avenir.


La Maison Tellier - La Chambre Rose



La Maison Tellier - Killing in the Name



Pour les plus intéressés, ou pour ceux qui en veulent toujours plus, la Maison Tellier offre au téléchargement leur premier EP autoproduit en 2004.

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mercredi 28 mars 2007

Soulsavers ft Mark Lanegan


Il faut toujours accepter les CD distribués gratuitement. Dernière preuve en date, la semaine passée au concert de Bonnie Prince Billy (superbe d'ailleurs), quelqu'un qui distribue un petit CD dans une pochette cartonnée à l'entrée de la salle. Ca ne paye pas de mine et je me dis que ça doit être une compile des artistes qui joueront au Domino festival le mois prochain et puis, surprise. Une pochette colorée annonce "Soulsavers" et en petit caractères, en dessous, on peut lire "ft Mark Lanegan & Will Oldham". Quoi? Mark Lanegan a un projet caché dont je ne serais pas au courant? Mais comment est-ce possible! Et bien oui, cela fait deux ans et demi que le groupe Soulsavers (inconnu au bataillon) enregistre un album sur lequel Mark Lanegan interprète 8 des 11 chansons. Will Oldham lui fait des backing vocals sur certaines chansons. Une équipe pareille et puis voilà, ils distribuent "comme ça", de manière nonchalante, un CD promo 4 titres... Ils devraient faire attention à ménager les gens, il y a des cardiaques...

Le vide médiatique autour de ce CD est tout à fait étonnant. Je me tiens relativement bien au courant des nouvelles sorties et des projets des uns et des autres et pas une fois je n'ai entendu parlé de Soulsavers. Ils n'ont même pas de page wikipedia encore (c'est dire!), aucune chanson sur HypeMachine, mais un myspace tout de même. Mark Lanegan est pourtant loin d'être un inconnu. Personnellement je le connais surtout pour sa carrière solo ("Field Songs" et "I'll take care of you" en tête, 6 albums déjà) mais il a fait partie de la scène grunge fin des années 80 début 90 avec son groupe "Screaming Trees" dont je découvre justement en ce moment l'oeuvre au coin de mon feu de bois (il y a tout de même 7 albums et quasi autant d'EP!). Ami de Kurt Cobain avant le succès de Nirvana, c'est à deux qu'ils réinterprètent le "Where did you sleep last night" de Leadbelly en 1990 sur "The Winding Sheet", premier album solo de Lanegan, bien avant que Cobain ne le reprenne sur l'"Unplugged in New York" de son groupe. Malheureusement pour Mark tous ses projets ne lui ont pas permis d'atteindre le succès qu'il mérite et une bonne partie du public le connait encore comme "le gars bizarre qui chante de temps en temps avec Queens of the Stone Age". D'ailleurs, a la sortie du "Ballad of Broken Seas" enregistré l'an passé avec Isobel Campbell (ex Belle and Sebastian) toutes les critiques de bas étage le réduisaient à cela alors que il s'agit plus d'une anecdote dans sa carrière. Si vous lisez un article qui ne dit que ça de Mark Lanegan, c'est un signe qu'il faut arrêter sa lecture là et que le gars n'y connait rien... Frustrant donc...

Il semblerait pourtant que presque tout ce que Mark Lanegan touche en ce moment se transforme en or. "Ballad of Broken Seas" était un régal et l'album de Soulsavers "It's Not How Far You Fall, It's The Way You Land" semble être de la même trempe à en juger les quatre chansons sur le CD promo. "Revival", qui sera leur premier single apparament, est une sorte de gospel/rock, rappelant ce que Dylan a pu faire période "Knockin on Heaven's door". Coeurs, orgue, et la voix sombre et puissante de Lanegan sur un texte traitant de rédomption et de pardon. finalement, à quoi pouvait-on s'attendre d'un groupe baptisé SoulSavers? "I want to see a revival tonight, Lord, let there be a revival!"... Il y a fort à parier que la religion et la spiritualité seront au centre de cet album.

Deuxième titre que je vous propose de découvrir "Kingdoms of Rain", qui se rapproche beaucoup plus des ambiances que l'ont retrouve sur les albums solos de Mark Lanegan. Une ballade sombre accompagnée au piano et à la guitare sur fond de pedal steel distordue... Ici c'est la fin d'une histoire d'amour qu'il nous raconte, une fin déchirante mais dans laquelle il reste classe. A nouveau, les références religieuses y sont nombreuses.

En résumé, cet album devrait être parfait pour les BBQ de l'été prochain! Ou presque.

Soulsavers - Revival



Soulsavers - Kingdom of Rain



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lundi 26 mars 2007

Pulp


Un petit post aujourd'hui pour se rappeler à quel point Pulp nous manque. A la grande époque de la britpop, j'étais plutôt Oasis. Enfin, jusqu'à ce fameux "Be Here Now", acheté les yeux fermés, le coeur rempli d'anticipation, et tout de suite mis au placard pour cause de grosse daube. Oasis s'est ensuite obstiné à ternir le souvenir que j'avais d'eux (quoiqu'il me semble avoir entendu une bonne chanson sur leur dernier album, sûrement pas l'horreur que fut "Layla" en tout cas). Reste qu'à chaque fois qu'une petite nostalgie me prend et que je réécoute un de leur deux premiers albums je retombe dedans. Revenons à nos moutons, je m'égare. Des années plus tard, l'époque britpop est bien révolue (bien que certains voient parfois un revival dans la nouvelle vague de groupes anglais), et peu de groupes ont véritablement réussi à passer l'épreuve du temps. Beaucoup de ces albums sonnent très "1995", mais pas ceux de Pulp.

De Pulp à l'époque je ne connaissais que les grands singles de Different Class (Common People, Disco 2000) et ce n'est que des années plus tard que je suis tombé véritablement amoureux du groupe en écoutant "This is Hardcore" de part en part. Assimiler Pulp à toute la vague Britpop et ses "One hit/album wonders" est une grossière erreur. Le groupe existait depuis le début des années 80 même si le succès n'arriva véritablement que dans les années 90 et, passé l'énergie et le fun de ses grands tubes, Pulp est un groupe extrêmement intelligent mené par une des personnalités anglaises les plus charismatiques. Il ne faut pourtant pas réduire Pulp à Jarvis Cocker et son grand talent d'écriture. Preuve en est son récent album solo, un brin décevant, même s'il contient quelques grandes chansons ("Black Magic" et la piste cachée "Cunts are still ruling the World" en tête).

Pulp sont aujourd'hui séparés (il y a des rumeurs persistantes de reformation mais aucun des membres ne semble vraiment intéressé et Jarvis est bien trop occupé avec à écrire pour Charlotte Gainsbourg, Marianne Faithful ou encore Harry Potter) mais ils nous ont laissé 20 ans de carrière à découvrir et redécouvrir (personnellement je ne connais encore aucun des albums pré "Freaks"). D'ailleurs, pour nous inciter à le faire, en octobre dernier ils ont ressorti "His n Hers", "Different Class" et "This is Hardcore" en version Deluxe avec à chaque fois l'album original et un CD de chansons rares ou inédites. Pour une fois, tous les CDs bonus en valent vraiment la peine. Ce ne sont pas simplement des chutes de studios qui auraient mieux fait de rester dans une malle! Je ne peux donc que conseiller l'acquisition de ces versions, et pour vous convaincre je vous propose d'écouter le fabuleux "We Can Dance Again". Cette chanson aurait dû être un single entre la sortie de "His n Hers" et "Different Class" et le groupe pensait que ce serait son plus gros tube à ce jour. Seulement voilà, entre temps Jarvis et les siens ont pondu "Common People" et après leur prestation enflammée de la chanson à Glastonburry, "We can Dance again" est passée à la trappe et tous les efforts se sont concentrés pour sortir "Common People" le plus vite possible. Dommage car "We Can Dance Again", avec son petit côté kitch qui n'est pas sans rappeler "Winner Takes it All" de Abba, aurait sûrement cartonné et nous présente un Pulp à l'appogée de son art Pop.

Peu avares en sorties, Pulp ont également laché en novembre dernier une compilation de toutes les sessions radios enregistrées pour John Peel. Première session en 1983, la deuxième 10 ans plus tard, et puis quelques sessions supplémentaires jusqu'en 2001 et la sortie de leur ultime album "We Love Life". Cette compilation est évidemment indispensable et on y découvre vers la fin "Duck diving", un joli morceau parlé (le premier qui parle de slam sera forcé d'écouter l'album de Grand Corp Malade jusqu'à ce que mort s'en suive) au cours duquel Jarvis nous raconte ses souvenirs de colonie de vacances. Ca n'a pas énormément d'intérêt en soi, mais c'est une très jolie histoire, qui capture bien l'esprit appaisé de Pulp à cette période là et permet à Jarvis de laisser s'exprimer tout son talent de narrateur.

Pulp - We Can Dance Again



Pulp - Duck Diving (Peel Session 2001)




Et la prestation de "Common People" à Glastonburry en 1995, un an après la première, quand c'était devenu un tube immense. Cette version est disponible également sur le CD Bonus de "Different Class". La réaction du public après 1min50 est incroyable...



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jeudi 22 mars 2007

Okkervil River


Okkervil River c'est un groupe qui aurait dû devenir immense avec son dernier album, "Black Sheep Boy", sorti en 2005. Pour des raisons qui m'échappent ce ne fut pas le cas. Le public n'est pourtant pas complètement hostile à leur style musical folk/americana/rock. Preuve en est que d'autres songwriters américains modernes comme Bright Eyes parviennent maintenant à remplir facilement des grandes salles de concerts. Will Sheff et ses accolytes, pourtant tout aussi doués que Conor Oberst et son groupe peinent encore à jouer devant plus de 100-200 personnes dans nos contrées (ils ont déjà plus de succès dans leur propres pays, les Etats-Unis de l'Amérique).

"Black Sheep Boy" était peut-être trop ambitieux, pompeux, que pour obtenir un succès grand public mais c'est pourtant justement cela qui fait son charme. C'est un album "concept" qui trouve ses origines dans une chanson du même nom de Tim Hardin (musicien folk américain des années 60 qui participa au festival de Woodstock et fit partie de la scène effervescente du Greenwich Village avant de mourir d'une overdose dans les années 80). C'est sur la reprise de ce titre que s'ouvre l'album et tous les thèmes qui parcourent le disque y sont présentés : le rejet, l'indifférence, le fils prodigue... Le reste de l'album est une construction hystérique basée sur ce personnage, explorant toutes les facettes de ce "Black Sheep Boy" conté à la première personne par Will Sheff. On y découvre surtout les démons du narrateur et les différentes humeurs par lesquelles il passe. Ses humeurs sont présentées dans une alternance de chansons très calmes, ou le personnage se lamente sur sont sort ("Black Sheep Boy", "In a Radio Song" et surtout le duo avec une belle inconnue sur le passage à l'age adulte de "Get Big") , et de titres beaucoup plus relevés et dynamiques dans lesquels il relache toute la frustration accumulée au cours d'une vie jallonée d'amours déçus et d'incompréhension ("For Real" et l'incroyable "Black"). Plus qu'un album, "Black Sheep Boy" nous raconte véritablement une histoire et doit s'écouter de part en part avec la plus grande attention. Will Sheff n'écrit d'ailleurs pas des chansons aux structures classiques couplet/refrain/couplet/refrain/bridge/refrain, il y a rarement de rimes, ce sont toutes des petits fragments de vie qui parviennent à tenir ensemble grâce à l'habilité de leur compositeur.

L'album a été suivi d'un EP "Black Sheep Boy Appendix" quelques mois plus tards, qui continue des explorations sur le même thème, tout à fait indispensable également. D'ailleurs, la maison de disque (Jagjaguwar) a eu la bonne idée de rééditer les deux ensemble dans un seul coffret (et je pense avoir entendu qu'ils allaient encore sortir une version "deluxe", faudrait pas qu'ils exagèrent quand même). Cerise sur le gateau, le fascicule. Les illustrations qu'il contient sont parmis les plus belles qu'il m'ait été donné de voir dans un CD.

J'ai eu énormément de mal à choisir une chanson à présenter tellement l'album tient en un bloc et il est difficile d'en extraire un morceau. C'est donc finalement la plage d'ouverture que je vous propose, en guise d'introduction pour découvrir l'ambiance du disque et la superbe voix de Sheff. Pour le fun, je joins également la version originale. Cette chanson ne présente pourtant en rien tout le talent de songwriter de notre homme donc je rajoute en prime "The President's Dead", un titre tiré de leur EP "Overboard & Down" (uniquement disponible en Australie). N'y voyez pas une chanson protestataire dédiée à Georges Bush, il ne site pas de nom. C'est en fait une constatation sur la manière hypocrite dont lorsque quelqu'un de célèbre meurt, personne (et surtout pas les médias grands publics) n'est plus autorisé à dire du mal de lui pendant quelques semaines/mois. Cette personne devient canonisée "de fait" jusqu'à ce que l'émotion retombe. Il s'en suit un petit moment de grâce qui fait réfléchir les gens sur leur propre bonheur et les petits plaisirs du quotidien. En attendant leur prochain album (en cours d'enregistrement)...

Okkervil River - Black Sheep Boy (2005)



Tim Hardin - Black sheep Boy (1967)



Okkervil River - The President's Dead



Et pour ceux qui n'en ont jamais assez, la blogothèque a réalisé un superbe petit "Concert à Emporter" avec Will Sheff:





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lundi 19 mars 2007

Panda Bear


Et voici déjà un concurrent très sérieux pour les tops de fin d'année, "Person Pitch" de Mr Panda Bear. Pour resituer notre homme, Noah Lennox alias Panda Bear est plus connu en tant que batteur et tête pensante de Animal Collective, aux côtés d'Avey Tare et Geologist. Animal Collective a sorti deux des plus beaux disques de ces dernières années, "Sung Tongs" en 2004 et puis le fabuleux "Feels" en 2005. Avant ça ils avaient déjà sortis 4 disques dans lesquels il y a à prendre et à jeter, principalement constitués d'expérimentations denses, psychédéliques, limite noise/bruitistes par moments qui peuvent mettre une énorme claque en live mais qui sont parfois difficiles à encaisser une fois mises sur CD.

Mais, comme le nom "Animal Collective" l'indique, le groupe est un collectif, une somme de personnalités qui se retrouvent régulièrement pour faire de la musique ensemble mais qui existent tous à part entière en dehors. Le nombre de projets solos ou avec d'autres qu'ils ont respectivment est impressionant. Panda Bear avait lui déjà trouvé le temps de sortir deux albums solos en plus de toutes ses collaborations. Un premier, éponyme, que je n'ai jamais entendu et " Young Prayer", qui pour moi ressemblait plus à du foutage de gueule qu'à un album puisque l'homme s'y contentait de faire glisser ses doigts sur des guitares et des mandolines désaccordées en lachant quelques phrases de temps à autres. Je n'étais donc pas convaincu de ses efforts solos, jusqu'à ce qu'arrive "Person Pitch". En fait, quasiment toutes les chansons qui composent cet album sont déjà sorties en single vinyl au fur et à mesure de leurs enregistrements mais à moins d'avoir un disquaire pointu ou d'habiter à Londres ou New York, peu de gens ont pu les entendre. Mr Panda a donc décidé de compiler tout cela et de le sortir sous la forme d'un album (sur Paw Tracks, le label maison d'Animal Collective).

Ce "Person Pitch" est tout à fait envoutant et pour partir à sa découverte je vous propose d'écouter "Bros", le premier "single" officiel du disque (qui était déjà sorti dans une version plus courte auparavant). 12 minutes et 30 secondes surprenantes. Le début du titre est très psychédélique et n'est pas sans rappeler le Velvet Underground des débuts ou bien ce que faisaient les Dandy Warhols et le Brian Jonestown Massacre au début de leurs carrières ("Every Day should be a holiday" des Dandy me vient particulièrement en tête), avant qu'ils ne virent pop80/stoner pour les uns et juste pénible pour les autres. Une voix distante porte le titre sur toute sa durée, épaulée par des harmonies vocales qui viennent souvent achever les phrases lorsque ce n'est pas tout simplement un petit cri de hibou ou des rires d'enfants sur une montagne russe. Le rythme reste constant et rêveur (qui a dit drogué?) jusqu'à la troisième minute , ou un maracasse vient accélérer légèrement le tempo. Vers la cinquième minute on croit entendre un bruit de train sur ses rails, puis des gens parlant en accéléré, sans jamais qu'on ne puisse vraiment savoir si on a vraiment bien entendu tellement le tout se mélange à merveille. Peu après la barre des 6.30 minutes, une guitare électrique vient peu à peu sortir la chanson de son somnambulisme, la voix change, se saccade, le tout ne devient plus qu'echos et l'ambiance se fait plus pressante, des explosion, quelques rires et pleurs, des feux d'artifices qui décollent... et toujours ce rythme entêtant derrière. Fade-out, comme si un train rempli de rêveurs était passé à côté de vous au ralenti, et disparaissait maintenant au lointain. Ca peut paraitre kitch mais c'est l'impression que laisse ce morceau.

Panda Bear - Bros



Label Paw Tracks - Myspace de l'album "Young Prayer"

lundi 12 mars 2007

En vrac

Je n'ai pas l'intention de commencer à faire des critiques complètes et incisives de tous les disques qui sortent, préférant le mode "présentation" d'artistes que j'ai adopté depuis le début de ce petit blog. Néanmoins, comme je suis un homme qui vit avec son temps, je me sens tenu de livrer quelques impressions sur les dernières sorties dignes de notre intérêt! Alors, en vrac:

Arcade Fire - Neon Bible



Que dire sur Arcade Fire et ce très attendu deuxième album qui n'ait déjà été dit. Si vous avez échappé à la "hype" qui entoure ce groupe depuis ses débuts alors c'est que vous avez vraiment vécu dans une cage de Faraday insonorisée des médias musicaux depuis 2 ans. La particularité d'Arcade fire, c'est qu'ils méritent tout le succès et les éloges qu'ils reçoivent et qu'ils ont pondu un deuxième album qui n'a pas à palir devant ce qui restera probablement leur chef d'oeuvre absolu "Funeral". Neon Bible est une grande réussite, point barre. Deux petits bémols tout de même:
1. Le plus grand défaut de l'album est le séquençage des pistes. Cet album ne "coule" pas comme le faisait "Funeral". C'est en fait plus une superbe collection de chansons qu'un album
2. Pourquoi ré-enregistrer "No cars go", déjà présente sur leur premier EP? D'accord la nouvelle version est beaucoup plus épique et mieux produite que la première mais n'avaient-ils pas une nouvelle chanson supplémentaire à la place? J'aurais bien vu cette version figurer en face B d'un single ou bien sur un album live (puisqu'ils la jouent de cette manière à tous les concerts, ou du moins aux trois auxquels j'ai pu assister)

Bref, si vous n'avez pas encore Neon Bible, c'est un must.

Arcade Fire - Intervention


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Patrick Wolf - The Magic Position




Passons à Patrick Wolf, qui assurera d'ailleurs la première partie d'Arcade Fire sur quelques dates de leur tournée (pas à Bruxelles, où l'honneur reviendra à Electralane). J'attendais également beaucoup de ce troisième album de Patrick Wolf et contrairement à Neon Bible, ici c'est la déception absolue. Apparamment Patrick Wolf est heureux maintenant, il s'est teint les cheveux en rouge, il joue avec des animaux, et surtout quand Patrick Wolf est heureux, il vire power-pop. Je n'irai pas jusqu'à dire que quand Patrick est heureux, Patrick fait des disques chiants mais nous n'en sommes pas loin. Exit donc la mélancolie et la tristesse de "Wind in the Wires" et les expérimentations electro déjantées de "Lycantrophy", et place à des chansons qui respirent le bonheur et me tappent sur le système. Je ne dirai pas que c'est un échec absolu mais presque. Je vais quand même essayer de le réécouter (si j'en ai le courage) avant de statuer définitivement. Reste que s'il passe en concert près de chez vous ce n'est à manquer sous aucun prétexte, c'est un immense artiste live.

Rappelons nous quelques bons souvenirs...

Patrick Wolf - Wind in the Wires


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Of Montreal - Hissing Fauna, Are you the Destroyer ?


Les américains de Of Monteal reviennent avec un huitième album, qui si on en croit le buzz qui est en train de se faire pourrait les voir accéder à un niveau de reconnaissance supérieur. C'est un très bon album mais je n'accroche pas complètement, je lui préfère nettement ses deux prédecesseurs "The Sunlandic Twins" et "Satanic Panic in the Attic", ou encore le folk plus lo-fi de "The Gay parade". Comme je sais que certains d'entre vous écoutent régulièrement le très bon podcast d'un ex-animateur d'une célèbre station Belge je tiens à réagir à ce qu'il a dit à propos de Of Montreal. Il est complètement à côté de la plaque en les comparant aux Killers. Ce n'est pas cet album-ci qui va les faire remplir des stades et ces deux groupes n'ont vraiment rien de comparable. Cela ne prouve en rien ce que je dis mais pour le fun, comparons deux photos récentes, une de Of Montreal et une des Killers. A votre avis, lequel des deux groupes à un styliste qui leur dit comment s'habiller et une usine de marketing derrière?

The Killers
Of Montreal

Cela dit, j'aime bien les singles des Killers.

Pour présenter Of Montreal comme il se doit, voici une petite chanson qui devrait vous mettre le sourire...
Of Montreal - When the Party's Crashing Us


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vendredi 9 mars 2007

Modest Mouse




Modest Mouse c'est le prototype du groupe de rock qui flirte toujours entre le milieu de l'indépendant et le grand public. C'est le conflit "indy" contre "mainstream" incarné. En 2000 ils ont reçu les louanges de toute la critique et l'amour des amateurs du genre en sortant "The Moon and Antarctica", qui reste leur meilleur album à ce jour. Ils retournent ensuite dans leur Oregon natal et pondent un 4e album ("Good news for people who hate bad news"), accueilli en 2004 avec pas mal de réserves... justifiées puisqu'il est nettement moins inventif et riche que son prédécesseur. C'est pas un ratage pour autant, il laisse juste un peu indifférent. Seulement voilà, cet album contient la chanson "Float On" qui sera un énorme succès grand public (pas grand public style Madonna non plus, n'exagérons rien). L'album arrivera jusqu'à la 18e position dans les charts américains et la chanson a été récupérée sur des B.O. de séries télé (The O.C. notamment). Bref Modest Mouse, tout le monde a déjà entendu ceci quelque part:

Modest Mouse - Float On



Et nous voilà en 2007, Modest Mouse s'apprête à sortir son 5e album, le premier depuis son énorme succès. Tout le monde se demande la direction qu'ils vont prendre, rock grand public à la Killers ou rock plus expérimental comme à leur début? Et bien pourquoi choisir quand on peut excéller dans les deux? C'est précisément ce qu'ils ont fait sur "We were dead before the ship even sank". Un album qui se rapproche de "The Moon & Antarctica" dans l'esprit, et puis ils rajoutent un petit tube dance-rock, juste pour le plaisir (ça fera surement plaisir à leur maison de disques aussi d'ailleurs). Mais ce n'est pas la seule surprise puisque de son grand chapeau, Modest Mouse a tiré Johnny Marr (ancien guitariste des Smiths, qui pataugeait un petit peu avec ses Healers ces derniers temps)! Il fait maintenant partie intégrante du groupe et co-écrit les chansons. Alors est-ce que Johnny Marr se fond dans Modest Mouse ou bien est-ce qu'il transforme cela en Modest Smiths? Et bien c'est plutôt la première solution, la patte de Johnny Marr n'est pas spécialement reconnaissable à première vue, mais avoir un petit "Guitar-Hero" sous la main ne peut pas faire de mal tant qu'il ne nous inflige pas des solos vaseux. Faut dire que les Smiths datent des années 80 et que le mec a heureusement évolué depuis.

Pour découvrir cet album quelques jours avant sa sortie officielle (le 20 mars) je vous propose deux chansons. "Dashboard" tout d'abbord, c'est le tube, gratification instantanée, pas besoin de réfléchir. Une petite guitare qui donne envie de bouger son postérieur, une trompette qui accentue la mélodie, petit coup de synthé parce que ça donne (presque) toujours bien, une accélération, break, ça repart de plus belle, paroles faciles et enjouées que tout le monde peut retenir (The dashboard had melted but we still had the radio!). Une grande réussite si vous me demandez mon avis. La deuxième chanson, "March into the Sea" est la plage d'ouverture de l'album et c'est une toute autre histoire. Ca commence par un petit mélodica (mon instrument fétiche!), enregistré d'assez près que pour entendre les touches qui s'abaissent et puis arrive la voix et le ton de l'album est donné: Dr Jekyll & Mr Hyde. Le chanteur démarre avec tant de puissance et de haine que même Chuck Norris en perdrait sa barbe, et ponctue ses phrases de rires maniaques. Puis tout à coup ça s'arrête et c'est le contraire, une petite voix douce, mais complètement hypocrite prend le relais. Au bout du compte ce sera pourtant Mr Hyde qui l'emportera...

Modest Mouse - Dashboard



Modest Mouse - March into the Sea



Et pour le plaisir, re-regardons ensemble le clip de "Third Planet, petite merveille de DIY (Do It Yourself). Le meilleur passage commence après 1.45 minutes environ.




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dimanche 4 mars 2007

volcano!


volcano! (ne pas oublier le point d'exclamation et la première lettre en minuscule, les groupes sont de plus en plus regardants sur leur ponctuation) c'était l'ovni de 2006. Sorti de nulle part, si ce n'est Chicago, ils ont laché leur premier album "Beautiful Seizure" sur le label The Leaf Label (Hawk & a Hacksaw, Four Tet) sans prévenir, lancé par un single imparable "Apple or a Gun". Un an après je réécoute régulièrement cette chanson, parfois plusieurs fois de suite même, sans jamais m'en lasser. Pour se faire une idée de leur musique, je reprendrai une description lue sur un forum à l'époque (je ne me souviens malheurement pas qui a dit ça donc je ne peux pas l'attribuer): c'est comme si Mars Volta décidait de reprendre du Radiohead. On retrouve en effet les guitares qui se superposent et les dissonances présentes chez Mars Volta (que je n'ai d'ailleurs jamais vraiment aimé) et un sens de la mélodie enfouie, cachée sous la structure complexe de la chanson, pas trop éloigné de ce que peut faire Radiohead. Cela donne une idée mais c'est encore incomplet. Je rajouterais que Mars Volta reprend du Radiohead sous la direction d'Animal Collective, tellement leurs chansons fourmillent d'idées et peuvent changer de style plusieurs fois en 4 minutes avec une facilité déconcertante. Dernière petite touche pour parfaire la description, ils ont engagé un batteur qui aime autant frapper sur toutes ses caisses à la fois dans un joyeux vacarme que tenir un rythme limite dance, rappelant par moments ce que font des gens comme The Rapture. Voilà, je crois que ça fait assez de points de comparaison non?

Mais volcano! ce n'est pas que de l'instrumental. Sur leur musique faussement désorganisée vient se greffer une voix un peu fausse qui pravient à soutenir parfaitement la frénésie du groupe. Tantôt il chante vraiment, tantôt il hurle ou pousse des petits cris stridents, tantôt il parle comme un journaliste commentant des combats en accéléré et pousse le bouchon jusqu'à invectiver directement l'auditeur "What would you have done? What would you have done! With a gift so damn ambiguous it could be an apple or a gun...". C'est complètement hystérique, on s'embête pas une seconde.

Leur site internet ne déborde pas d'infos sur le groupe, après avoir sorti leur album et fait quelques concerts en Angleterre ils sont repartis d'où ils étaient venus. On ne peut qu'espérer qu'ils préparent le petit frêre de "Beautiful Seizure" quelque part le long du lac Michigan mais de toutes façons on n'aura probablement pas encore fini de digérer cet album-ci d'ici là.

volcano! - Apple or a Gun



volcano! - Easy Does It


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