]]>

vendredi 11 janvier 2008

Made in Deutschland 2007 (4) : Wir Sind Helden

Wir Sind Helden sont sans aucun doute le groupe d'"indie-rock" allemand le plus populaire avec 1,2 millions de disques écoulés en seulement deux albums. Ils sont bien malgré eux également responsables d'une nouvelle "Neue Deutsche Welle" qui a vu des groupes comme Juli ou encore Silbermond tenter leur chance (à grands renforts de budgets marketing de majors ayant flairés la bonne affaire) en utilisant la meme formule "groupe de rock avec chanteuse", avec nettement moins de talent. Beaucoup les attendaient au tournant après "Die Reklamation", leur premier album truffé de perles pop mais ils n'avaient pas déçus en livrant "Von Hier An Blind", album un rien plus calme mais extrêmement réussi. Ils ne s'y étaient pas trop éloignés des sentiers battus mais réussissaient le tour de force de faire au moins aussi bien que leur coup d'essai, prouvant au passage qu'ils n'étaient pas de simples "One Hit Wonders". Ils l'affirmaient d'ailleurs ironiquement avec le premier single de l'album, "Gekommen um zu bleiben" (venus pour rester). Leur humour et volonté de ne pas "se prendre la tête" est d'ailleurs un des aspects qui a rendu ce groupe si attachant.

Nous sommes en 2007, les ersatz ont plus ou moins disparus en même temps que l'euphorie pour cette nouvelle scène et Wir Sind Helden sort son très attendu troisième album. Malheureusement pour eux et pour nous c'est cette fois-ci une légère déception. Je ne parviens toujours pas à me faire à leur nouveau single "Endlich Ein Grund Zur Panik", malgré un clip amusant pastiche des films de science fiction japonais. Ils donnent un peu l'impression de chercher une nouvelle voie avec des titres comme celui là ou encore "An die Arbeit", délaissant légèrement au passage ce qu'ils font de mieux. Si c'était leur coup d'essai ils seraient plus que probablement élevés en héros (sic) et sauveurs de la pop allemande de qualité seulement c'est leur troisième album, et ils nous ont habitué à mieux. Difficile d'évaluer ce disque indépendamment de son hérédité. Il reste de (très) bonne facture avec des petits tubes pop dans la plus pure veine Wir Sind Helden comme "Der krieg kommt schneller zurück als du denkst" ou encore "The Geek" et ils varient leur formule avec succès en empruntant sans vergogne les guitares de Interpol sur "Labyrinth" ou encore des riffs à la Babyshambles mêlés de cuivres sur "Die Konkurrenz". Seulement pour la première fois on retrouve également des titres sans âme, en pilote automatique, tels "Hände Hoch" et "Soundso" qui semblent d'ailleurs être la même chanson et ne font que rappeler amèrement leurs succès passés. Un album en demi teinte donc, qui souffre probablement injustement de ses illustres aïeux mais qui pris pour ce qu'il est reste un album de qualité. Peut-être est-ce une sorte de transition. Espérons que ce soit pour le meilleur.

Myspace - Site Officiel - Amazon



Wir Sind Helden - Der Krieg kommt schnelle zurück als du denkst

Adblock



Wir Sind Helden - Endlich ein Grund zur Panik

jeudi 10 janvier 2008

Made in Deutschland 2007 (3) : Jens Friebe


Après quelques années dans des groupes restés relativement méconnus, Jens Friebe a sorti son premier album solo "Vorher Nachher Bilder" (Images avant après) en 2003. Artiste prolifique, quatre ans plus tard il en est à son troisième opus "Das mit dem Auto ist egal, Hauptsache dir ist nichts passiert" (C'est pas grave pour la voiture tant qu'il ne t'est rien arrivé), qu'il sort quelques mois à peine après un livre recueil de billets de société publiés en ligne sur son blog, tout en écrivant régulièrement des chroniques pour le magazine Berlinois Intro. Comme lui, sa musique ne se cantonne pas à un style mais virevolte constamment entre des chansons pop/rock assez conventionnelles mais terriblement accrocheuses ("Neues Gesicht", "Du Freust dich ja gar nicht") et des titres sur lesquels il noie ses textes dans des bruitages au synthétiseur tel un Casiotone For The Painfully Alone à qui un médecin bien avisé aurait enfin prescrit quelques anti-dépresseurs ("Jeu de cons"). Tantôt romantique ("Nothing Matters when we're dancing"), tantôt autoparodique ("Hass, Hass, Hass"), tantôt faussement blasé ("Erschreckend Aktuell"), à la manière d'un Ray Davis Jens Friebe s'invente dans ses chansons des petits personnages qu'il utilise pour offrir un point de vue sur le petit monde qui l'entoure. Jouant beaucoup avec les mots et possédant une écriture sensible les non germanophones passeront forcément à côté d'une partie importante de son oeuvre mais cet album reste quoiqu'il arrive très agréable par ses mélodies et quelques tubes en puissance comme ce "Frau Baron" proposé ci-dessous en écoute.

Site Officiel - Myspace - Amazon

Jens Friebe - Frau Baron

Adblock


PS: Si quelqu'un qui possède l'album pouvait me confirmer que la version acoustique de "Neues Gesicht", présente en piste cachée, ressemble à s'y méprendre au "Spitting Venom" de Modest Mouse cela m'appaiserait la conscience. merci.

mercredi 9 janvier 2008

Made in Deutschland 2007 (2) : Die Türen

Die Türen est l'alter ego allemand des groupes twee/indie-pop anglais. Rien à voir donc avec leurs homonymes américains (The Doors) si ce n'est une utilisation intensive de piano, et parfois même de Wurlitzer ("Ehrliche Arbeit"), en tant qu'épine dorsale de leurs chansons. Chansons dont les rythmes rappellent tantôt Little Richard, tantôt du swing, tantôt le générique de la panthère rose, tantôt un tube disco, tantôt le tout à la fois... mais ils parviennent pourtant toujours à s'ancrer dans leur époque. A l'instar de beaucoup de groupes de la scène anglaise, et je pense particulièrement à Los Campesinos en ce moment, leur musique possède un aspect de fun prédominant et leurs textes sont truffés de références culturelles à d'autres groupes, à des magazines, à la scène indépendante Berlinoise, etc. On est très loin des préoccupations émotionnelles, spirituelles où historiques de beaucoup de groupes allemands. Avec leur troisième album "Popo", die Türen prouvent toutefois qu'ils ne sont pas qu'une anecdote amusante dans le paysage musical allemand, qu'il est possible de faire de la musique de qualité en allemand sans spécialement se prendre très au sérieux. Mine de rien, au passage ils parviennent à composer l'hymne ultime à Berlin ("Indie Stadt") et une série impressionante de petits tubes qui raviront les amateurs d'Indie-Karaoke ainsi que les dance floor des clubs alternatifs. Toujours avec une certaine dose d'autodérision, "Er ist uncool! Aber uncool ist das neue cool!" (Il est pas cool! Mais ne pas être cool c'est le nouveau cool!").

Myspace - Amazon


Die Türen - Indie Stadt
Adblock

mardi 8 janvier 2008

Made in Deutschland 2007 (1): Tocotronic

Avec "Kapitulation", leur huitième album studio depuis leurs débuts en 1993, Tocotronic (à ne pas confondre avec Technotronic) livre sans aucun doute possible mon album germanophone préféré de l'année 2007. Il a raté de peu mon top 11. Je l'aurais écouté quelques fois de plus qu'il y aurait probablement figuré. Je suis loin de connaitre toute la carrière du groupe mais cet album a un goût d'aboutissement. Des textes travaillés, facilement compréhensibles pour quiconque possède une petite connaissance de l'allemand mais surtout un phrasé et une musique agréable qui rendent dispensable la signifaction des mots, bien qu'ils soient un des points fort de l'album. "Kapitulation", premier single tiré de l'album, liste tous ces petits moments de la vie durant lesquels on a envie de tout envoyer valser, de se rendre, sur un ton de douce empathie rassurante. "Verschwör dich Gegen Dich" ou "Imitationen" évoquent les meilleurs moments de British Sea Power (bien que cela devrait être le contraire vu l'age des groupes), mélodies et travail à la guitare électrique impeccables. Tocotronic exhibe également sur des titres comme "Mein Ruin" ou encore le superbe épilogue "Explosion" un côté bien plus sombre, sur lequel plane inévitablement l'ombre de Blixa Bargeld et ses Einstürzende Neubauten. Des influences parfaitement assumées et quinze ans d'expériences résumées en douze titres. Un must.

Myspace - Site Officiel - Amazon


Tocotronic - Kapitulation
Adblock


Tocotronic - Verschwör Dich Gegen Dich
Adblock

Made in Deutschland 2007 : Introduction

La musique contemporaine allemande à toujours eu beaucoup de mal à s'exporter. L'allemand est une langue dure, gutturale, peu appréciée en chanson dans les pays où elle n'est pas pratiquée. Ce faisant, rare sont les groupes germanophones qui parviennent à percer à l'international. La mémoire collective européenne se rappellera probablement de la sympathique Nena et son "99 Luftballons" dont le succès ne fut réellement scellé qu'après une version en anglais, de la torture musicale que fut le "Ein Zwei Polizei" de Modo au début des années 90, ou bien plus récemment du "Durch den Monsun" des ineffables Tokio Hotel et leur chanteur issu d'un croisement entre Tina Turner (version 80) et Victoria Beckham. Pas de quoi épater la planète entière en somme. La musique allemande recèle pourtant de petits bijoux que j'essaye régulièrement de dénicher en tant que germanophile convaincu. Ces quelques dernières années le pays de Goethe nous a gratifié de quelques très bons groupes ayant atteint une certaine notoriété dans leur pays mais incapables de franchir le Rhin, encore moins un océan. Je vous propose donc dans les sept prochains jours, au rythme d'un court billet par jour, de découvrir certains des meilleurs morceaux du rock "indie" allemand de 2007. Ces sept billets n'auront pas la prétention de vous faire découvrir l'"underground" allemand, les groupes présentés sont relativement bien établis outre-Rhin, mais plutôt de jeter un regard curieux sur quelques groupes dignes de notre intérêt .

samedi 5 janvier 2008

Ola Podrida

En guise de premier billet de 2008 j'ai choisi de revenir sur un des albums qui est parvenu à se hisser dans mon top 11 de l'année 2007 et dont je n'ai encore jamais parlé. Ola Podrida est un projet musical mené par David Wingo, jusqu'ici plus connu pour son travail en tant que créateur de bandes originales pour films indépendants américains. Il a ainsi entre autres composé la musique de Snow Angels, Guatemalan Handshake ou encore All the Real Girls, tous réalisés par David Gordon Green. Oui, moi non plus. Quoiqu'il en soit cet américain a sorti en toute discrétion mon album de folk délicate préféré de l'année dernière. Sorti en mai, ce n'est que fin novembre à l'heure ou les sites spécialisés commençaient déjà à compiler leurs listes de fin d'année que j'ai découvert sa musique. Coup de foudre immédiat et bienvenu après la légère déception que fut pour moi le dernier Iron&Wine (avec qui les comparaisons sont inévitables).

David Wingo et sa bande s'exposent donc avec ce premier album éponyme pour la première fois au premier plan. Plus question d'accompagner les images d'un autre, la musique est maintenant l'unique centre d'intérêt. Le cinéma n'est pourtant jamais très loin car ils lui empruntent quelques techniques de narration. Tous les titres de cet album sont de véritables petites histoires dans lesquelles Wingo aime planter le décor ("The car crashed, everybody was OK"), décrire l'ambiance ("Dogs sleeping out in the yard, cats upon the roof"), créer des scènes d'action (le personnage de "Cindy" qui s'engoufre dans un bâtiment en flammes par exemple) et ménager des rebondissements mélodiques. Il accompagne son chant murmuré d'orchestrations discrètes à la guitare sèche. Ola Podrida est un groupe mais la plupart des titres restent pourtant dans un registre très dépouillé où le seul autre instrument est un tambourin ou une maracasse donnant le rythme. En tendant l'oreille on découvre pourtant d'autres instruments subtilement amenés. Une deuxième guitare qui s'entremêle, une troisième, quelques notes de piano ou d'orgue, une flute traversière, qui parviennent tous à se faire oublier au profit de l'ensemble. Certains morceaux comme "Lost and Found" ou "Jordanna" n'hésitent pourtant pas à rompre la quiétude qui s'était installée. La machine s'emballe et David Wingo s'époumone légèrement offrant ainsi à l'auditeur une diversité bienvenue, rendant la quiétude à suivre d'autant plus agréable. Avec de telles qualités, ils sont les bienvenus pour réaliser la B.O. de ma vie quand ils veulent.


Myspace - Insound


Ola Podrida - The New Science

Adblock



Ola Podrida - Jordanna

Adblock