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mercredi 4 avril 2007

Serge Gainsbourg et Jean-Claude Vannier



Si le nom et le personnage de Serge Gainsbourg sont connus par le commun des mortels, il n’en va pas de même pour Jean-Claude Vannier. Pourtant, ce dernier a collaboré, et le mot est faible, au chef d’œuvre de Gainsbourg : « L’histoire de Melody Nelson ». Cet album, considéré par beaucoup comme étant un des albums majeurs de la chanson française a inspiré et inspire toujours une quantité impressionnante d’artistes de la scène internationale comme Beck, Air, Portishead, ou encore Tricky pour rester dans la mouvance trip-hop. Échec commercial retentissant à sa sortie, disque culte vingt ans plus tard, « L’histoire de Melody Nelson » conforte un peu plus aux yeux du public l’image d’artiste maudit que véhicule toujours Gainsbourg. Si ce dernier est à l’origine des textes précieux et recherchés de l’album, la musique est en très grande partie due à la présence de Jean-Claude Vannier. Ce dernier, jeune compositeur à l’époque (en 1971), est à l’origine de toutes les orchestrations sur lesquelles reposent l’entièreté du travail textuel et musical de Gainsbourg.

Cependant, ce n’est pas sur cet opus que je m’attarderai aujourd’hui. En effet, cette collaboration Gainsbourg-Vannier n’est pas la première. Un an avant la parution de « L’Histoire de Melody Nelson », les deux hommes collaborent pour la première fois sur la bande originale du film « Cannabis » dans lequel Gainsbourg et Birkin tiennent les rôles principaux. Le film, loin d’être extraordinaire, tombera dans l’oubli (mais il est encore disponible en import japonais, petits veinards!) ainsi que sa bande originale. Cette dernière est ressortie il y a peu de temps chez Universal, à la faveur d’une collection regroupant les bandes originales les plus marquantes de l’histoire du cinéma. Absente des diverses compilations sur Gainsbourg publiées au fil du temps (y compris l’intégrale), cette lacune méritait d’être comblée.

L’unique plage chantée de ce disque est la première (assez moyenne) , ce qui fait de cet album un album à grande majorité instrumental, vous l’aurez deviné. C’est donc à partir de la deuxième que commence vraiment le travail du tandem Gainsbourg-Vannier. Gainsbourg, incapable de composer pour un orchestre, partage les manettes avec Vannier durant l’entièreté de l’œuvre. Cette deuxième plage, « Première Blessure » donne le ton pour tout l’album. Orchestrations luxueuses, ligne de basse virevoltante et batterie omniprésente (c’est sur ce même trio que sera basée « L’Histoire de Melody Nelson » un an plus tard). L’album progresse, mystérieux (Jane dans la nuit) et psychédélique (Chanvre indien) avant d’arriver à son cœur pour le grandiose « Avant de mourir », véritable condensé de l’album qui reprend plusieurs des mouvements distincts présents le long du disque, les modifiant discrètement en y ajoutant guitares et synthétiseurs (petit rappel, on est en 1970). Après ce climax, l’album se referme lentement et gracieusement sur les mêmes instrumentations stylées et les arrangements de premier choix. Le dernier morceau reprend le thème du premier morceau chanté.

La boucle est bouclée et l’on reste un peu sur le cul, il faut bien l’avouer. Pourquoi donc me direz-vous ? Car, en plus d’être un prémisse du fabuleux « Histoire de Melody Nelson », cette bande originale reste d’une actualité flagrante. Et il ne faut pas être un as pour remarquer qu’un certain groupe Versaillais s’en est franchement inspiré, notamment pour la B.O. de « Virgin Suicides » de Sofia Coppola, ce qui néanmoins n'enlève rien à la qualité de ce disque.

Vannier, lui, est resté complètement dans l’ombre, n’étant qu’à peine cité sur ce disque ainsi que sur le second du duo, « L’histoire de Melody Nelson ». Il publiera un splendide album en 1972, véritable OVNI, « L’enfant assassin des mouches » sur lequel j’espère revenir bientôt. Il s’illustre aussi en composant pour plusieurs noms de la chanson française, comme Jonasz, Hardy, Nougaro, Barbaba et en travaillant sur des B.O. de quelques films, un des derniers en date étant (accrochez-vous !!) la "Tour Montparnasse infernale".

Son actualité récente est sans conteste la plus intéressante, avec la réinterprétation de "L’histoire de Melody Nelson" en public au Barbican à Londres, avec les musiciens ayant participé au disque à l’origine ,à savoir Dougie Wright, Big Jim Sullivan, Herbie Flowers et Vic Flick, et ayant comme support vocal en talk-over, Jarvis Cocker (de Pulp), Badly Drown Boy, Mick Harvey (des Bad Seeds) et Gruff Rhys (des Super Furry Animals) in french s'il vous plaît.



S. Gainsbourg et J.-C. Vannier - Avant de Mourir





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2 commentaires:

Unknown a dit…

Merci pour ce précieux "billet" qui a su mettre des mots sur mes émotions.

Unknown a dit…

Merci pour ce précieux "billet" qui a su mettre des mots sur mes émotions.