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lundi 16 avril 2007

Frog Eyes


Frog eyes nous revient dans deux semaines avec un 4e album, "Tears of the Valedictorian". Voici l'occasion idéale de revisiter leur discographie passionnante. Pour ceux qui les découvrent, Frog eyes est un quatuor canadien, de Victoria pour être précis. Ils nous ont déjà gratifiés de trois albums (The Bloody Hand, The Golden River, The Folded Palm), qui forment selon Carey Mercer, le chanteur/auteur/compositeur du groupe, une trilogie. En plus de ces trois opus principaux ils ont sorti "Ego Scriptor" dans lequel ils reprenaient des chansons de leurs trois albums dans des versions acoustiques. Ils ont également enregistré un EP l'an passé afin de faire patienter les fans les plus avides avant le nouvel album (la pochette était d’ailleurs d’un goût certain). Frog eyes est souvent assimilé à la scène folk/rock déjantée canadienne, avec laquelle ils partent régulièrement en tournée (des affiches qui font d'ailleurs rêver la groupie que je suis mais qu'on ne verra probablement pas de si tôt en Europe). Ils sont d'ailleurs amis avec Dan Bejar (Destroyer/New Pornographers) avec lequel ils ont collaboré pour l’EP "Notorious Lightning and other Works" et avec Spencer Krug de Wolf Parade. Ces trois jeunes gens se sont récemment réunis pour former le groupe Swan Lake et sortir l'excellent "Beast Moans" sur lequel on reviendra dans un billet futur

Même si les membres de Frog Eyes sont amis et collaborent avec d'autres musiciens issus de la scène canadienne ils n'en ont pas pour le moins une personnalité très forte et un son unique. Pour essayer d'approcher une description de la musique de ce groupe il faut imaginer un croisement entre les moments de pure folie de Tom Waits/Captain Beefheart, les mélodies de David Bowie et l'intensité lyrique et émotionnelle d'un David Eugene Edwards (que ce soit sous la forme de 16 Horsepower ou Woven Hand). Tous ces éléments mis ensemble ne donnent pourtant encore qu'une partie de Frog Eyes. Ce qui rend ce groupe véritablement unique c'est le chant de Carey Mercer qui virevolte des graves aux aigus, des cris aux chuchotements, des mélodies pures à l'anarchie la plus totale. J'imagine que chaque concert doit être une véritable performance physique dans ces conditions là. Bien que le chant soit toujours bien en avant dans leur musique (et comment faire autrement avec une voix et un style pareil) les musiciens ne déméritent pas du tout, même si cela s'avère parfois difficile de suivre toutes les inspirations de Carey Mercer.

Emotionnellement intense la musique de Frog eyes l'est. Il est difficile de sortir indemne d'une écoute attentive d'un de leurs disques. Enchainer plus d'un disque peut être une expérience traumatisante. Absolutely Kosher l'a peut-être compris car dans les deux rééditions qu'ils ont sortis l'an passée, ils ont ménagé une silence de une minute entre le disque original et les bonus ajoutés, de quoi laisser le temps de souffler un peu (enfin, peut-on vraiment parler de bonus quand ils ajoutent sur le même CD la totalité d'un des albums de Blue Pine, l'ancien groupe de Carey Mercer). Certaines chansons sont assez terrifiantes et il y a vraiment de quoi se poser des questions sur la santé mentale de leur auteur. Prenons par exemple la plage d'ouverture de The Golden River, "One in six children will flee in ships" (le titre fait déjà un peu froid dans le dos). Il y est question de personnages d'heroic fantasy, de lapins, et puis la chanson s'adoucit et nous sommes comme projetés dans la tête d'un capitaine corsaire qui devient fou avec les craquements de son bateau. Le lien? Je crois qu'il n'y a qu'une seule personne qui pourrait l'expliquer mais je doute qu'il en ait envie.

"Silver gnomes all in my dome and cameras can finally roam By themselves, they've got hearts to moan And friends of mine have got friends with coke Oh, rabbit, rabbit, you've this habit of breaking legs and nouveau carat And my heart has passed its final rite and it's breaking legs for dollars These blue boards keep on creaking in my head These blue boards, creaking on my ship"

Ou encore sur "Silence but for the gentle flowing creek", issu de The Bloody Hand, dans laquelle il répète inlassablement "Put you Rock 'n Roll hand in the god damn burning sand" avant de se lancer dans une reprise du magicien d'Oz à coup de "Ding! Dong! The witch is dead!" , entrecoupés de longs cris gémissants. Amis de la santé mentale bonsoir, ici vous ne trouverez que de la schizophrénie et des névroses. Je suis d'ailleurs persuadé que si les bourreaux de Guantanamo avaient connu Frog Eyes, ils n'auraient jamais choisi d'infliger Metallica aux Talibans capturés (ce qui en plus d'être cruel était une véritable faute de goût ;-) )

Pour se forger une idée de ce que Frog Eyes peut faire je vous propose de découvrir chronologiquement la plage d'ouverture de chacun de leurs albums. Frog eyes a en effet pour habitude de larguer tout de suite une bombe pour démarrer ses disques. Finalement, vous trouverez en avant-première "Bushels", premier extrait de "Tears of the Valedictorian" paru sur internet il y a quelques semaines. Frog Eyes s'y écarte de la concision à laquelle ils nous avaient habitués (un album ne dépasse pas 35 minutes) pour se lancer dans une chanson épique de plus de huit minutes. Je sens que notre santé mentale va encore en prendre un coup...





Frog Eyes - Sound Travels From the Snow to the Dark (2002)





Frog Eyes - One in Six Children will Flee on Ships (2003)





Frog Eyes - The fence Feels its Post (2004)





Frog Eyes - Bushels (2007)


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