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mardi 24 avril 2007

Xiu Xiu : Knife Play

Commence aujourd’hui le premier billet d’une longue série retraçant pas à pas la discographie de Xiu Xiu. Rassurez-vous, tout ne viendra pas en une fois et il y aura toujours des billets consacrés à d’autres groupes mais dans les prochaines semaines, au rythme maximum d’un billet par semaine, nous parcourrons ensemble toute leur œuvre.

J’ai longtemps hésité sur la manière de procéder, Xiu Xiu n’étant pas le groupe le plus facilement abordable. Ce sera finalement chronologiquement que je présenterai tous les albums, EP, singles et collaborations en commençant par leur premier album, « Knife Play ». Avant de se rebaptiser Xiu Xiu, Jamie Stewart (le pivot central du groupe, Mr Xiu Xiu pour certains) avait déjà eu deux groupes, « The Indestructible Beat of Palo Alto » et « Ten in the swear Jar » sur lesquels je reviendrai à la fin de la série.

Avant d’entrer dans le vif du sujet (« Knife Play ») brossons rapidement un petit portrait du groupe. Xiu Xiu (qui se prononce « Chiou Chiou ») est principalement le projet musical d’un seul homme, Jamie Stewart. Le nom est tiré d’un film chinois, « Xiu Xiu : The sent down girl ». Originaire de Californie et né dans une famille musicale (son père a produit des albums de Tom Jones et Billy Joel entre autres), il commença sa carrière dans un groupe de reprises R&B. Rien ne laissait donc présager le virage musical bruitiste qu’il allait prendre. Ce n’est qu’en 2000 que le groupe se forma réellement, accompagné de Cory McColloch qui produit tous les albums de Xiu Xiu jusque « La Forêt » mais abandonna les tournées et quitta le groupe avant la sortie de leur deuxième album « A Promise ». Participaient également au line-up original Yvonne Chen qui le quitta pour se consacrer à sa boutique végétalienne et Lauren Andrews qui resta dans le groupe jusque 2004.

Knife Play

En 2002, Xiu Xiu sort donc son premier album « Knife Play ». C’est probablement l’album le plus sombre du groupe mais également un des plus riches dans ses sonorités et textures. J’ai longtemps hésité à procéder chronologiquement pour cette rubrique car c’est le dernier album de Xiu Xiu que je recommanderais lors d’une première approche du groupe. Les thèmes abordés sont extrêmement noirs, le mal-être, la mort, la maladie, la dépression, l’aliénation, le suicide pour ne citer que les principaux. Vous l’avez compris, Xiu Xiu ne fait pas dans la légèreté. L’album s’ouvre sur le titre « Don Diasco », par ce qui ressemble à des bruits de couverts tapant contre de la vaisselle, puis une grosse caisse sourde bat le rythme, une nappe de synthé s’active, et soudain une voix déchirante, fluette et haut perchée retentit « Can god hear me ? ». Bienvenue dans le monde de Xiu Xiu.

“I broke up” le deuxième titre est naturellement une histoire de dépression et de petages de plombs sur fond de boite à rythme répétitif et de distorsions oppressantes. Une atmosphère qui se marie à merveille avec les divagations de Jamie Stewart qui s’exclame « Breaking into children’s hospitals crying out : don’t fuck with me, don’t fuck with me ! » avant de se réincarner dans ce qui pourrait être un mari qui n’en peut plus ou un adolescent qui vomit sa famille lors d’un long voyage en voiture à travers le midwest américain : « this is the worst vacation ever, I am going to cut open your forehead with a roofing shingle »

« Hives hives”, est un présage des albums qui vont suivre et de la sensibilité pop cachée au fond de Jamie Stewart (très profondément parfois). Il parvient à transformer des paroles sordides en une sorte d’hymne mélancolique défaitiste sur le sida : « A*I*D*S*H*I*V, I can not wait to die, can you tell, can you tell? ». « Dr troll » qui suit ce titre parait presque apaisante après l’intensité de « Hives Hives », et pourrait être une simple ballade si elle n’était pas entrecoupée de distorsions.

Viennent ensuite trois titres avec l’amour en thème principal, mais dans le monde de Xiu Xiu l’amour ne rend jamais heureux. Première chanson de ce tryptique, « Anne Dong » nous relate l’histoire d’un amour réprimé (« You’re not coming to my Birthday, I know ») sur fond de goûtes tombant au fond d’un tonneau ou bien quelqu’un qui tape une pierre contre un tuyau. « Suha » se fait immédiatement l’antithèse de cette histoire avec un amour vécu trop tôt, une femme qui se retrouve piégée dans un mariage avec des enfants (« i hate my husband, i hate my children, I am going to hang myself, when will i be going home »), tout cela dans l’ambiance glaciale d’une guitare sèche et d’une boîte à rythme. « Poe Poe », seule chanson de l'album qui eut droit à un clip, termine ce trio avec un début tout en douceur, avec des cloches, qui laisseront place à un rythme presque techno étouffé, des envolées de guitare électrique et un son de maracas métallique. Pendant ce temps là Jamie Stewart nous conte l’histoire d’une adolescente pourrie gâtée qui se tape un vieux de 50 ans pour l’argent.

Ce n’est que pour clore leur album que Xiu Xiu laisse un petit peu de place à l’espoir et au bonheur, sur le très beau « Tonite & today » dans lequel il console tout en douceur et retenue une amie blessée. Peut-être tente-t-il également de consoler l’auditeur émotionnellement éprouvé par les dix premier titres de son album. Tonight and today the smallest kiss in the world, I won’t forget it…



Xiu Xiu - Poe Poe




Site Officiel - Amazon

Quelques vidéos pour ceux qui veulent aller plus loin...

Le clip de "Poe Poe"


"Hives Hives", live



"I Broke up", Live à Chicago en 2003



"Poe Poe", Live à Mexico en 2003



"Tonight and today", live, pour terminer en douceur



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