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jeudi 27 décembre 2007

Bilan d'une année musicale

Mois de décembre très calme sur entre nous soit dit, comme vous l'aurez peut-être remarqué. Ce n'est pourtant pas par manque d'inspiration, de coups de coeur musicaux ou de sujets à aborder, simplement un manque de temps dû à des déplacements à l'étranger et un agenda chargé. Tout cela ne m'a néanmoins pas empêché d'écouter des nouveautés, de réécouter quelques perles plus anciennes et d'assister à des concerts mémorables dont je vous entretiendrai probablement dans les prochaines semaines. Ce blog continuera donc en 2008, après une première année très agréable et un succès d'estime inattendu. Il restera pour moi un simple plaisir, né d'une envie d'écrire et de partager. La fréquence des billets ne s'accélèrera pas, l'objectif est toujours de un par semaine. L’idée est de me permettre de ne pas devenir esclave de mon passe-temps, de tenter d'écrire des billets réfléchis, et d’éviter l’overdose aux lecteurs réguliers (personnellement je ne lis quasiment aucun blog régulièrement, leur rythme m'épuise).

Pour cloturer cette année 2007, je ne peux m'empêcher de succomber au vice de tous les nerds musicaux, les listes de fin d'année. 2007 fut un très bon cru en ce qui me concerne: plusieurs grandes découvertes, quelques très beaux albums d'artistes confirmés et une proportion inhabituelle de concerts qui ont fait leur entrée dans le hit-parade des plus belles expériences live de ma vie (liste que je n'ai en fait jamais tenté d'établir). Je ne suis pas un grand amateur de ce genre de listes. Je suis en fait complètement incapable d'établir un top10 officiel de mes albums préférés de cette année. Mon appréciation de la musique dépend tellement de mon humeur, du lieu ou encore de la période de ma vie à laquelle je l'écoute. L'album qui m'a complètement scotché il y a quelques mois peut très bien être en train d'accumuler la poussière à l'heure qu'il est, non pas parce que je ne l'aime plus mais parce que je manque d'envie de l'écouter à ce moment précis. Une quelconque tentative de classement de fin d'année serait inévitablement biaisée par les albums qui me passionnent à l'heure ou je compile la liste. Voici donc, par ordre alphabétique, les onze albums qui m'ont le plus marqué cette année (onze parce que je ne sais pas lequel je pourrais retirer de la liste pour arriver à dix). Certains dont j'ai parlé, certains dont je n'ai pas parlé, certains dont je parlerai peut-être.

  • Elliott Smith - New Moon
  • Frog Eyes - Tears of the Valedictorian
  • Handsome Furs - Plague Park
  • Hearts of Black Science - The Ghost you Left Behind
  • Marissa Nadler - Songs III : Bird on the Water
  • Napoleon IIIrd - In Debt To
  • Okkervil River - The Stage Names
  • Ola Podrida - Ola Podrida
  • Panda Bear -Person Pitch
  • Sunset Rubdown - Random Spirit Lover
  • The National - Boxer

Les deux enregistrements que j'ai le plus écouté cette année n'étaient pourtant pas des albums, mais bien des EP.

  • Adam Gnade & Youthmovies - Honey Slides
  • This Town Needs Guns - Split (with Cats and Cats and Cats)


Voilà pour les enregistrements. C'est pourtant en live que j'apprécie le plus la musique. Voir les morceaux que l'on connaît prendre vie, être retravaillés, être livrés sans intermédiaires peut-être source d'une satisfaction bien plus élevée qu'un enregistrement, comme cela peut être une déception. L'expérience live est pour moi indissociable de la musique en général. A l'aide de mes places usagées et de ma pauvre mémoire, j'ai pu totaliser 75 concerts en 2007, le véritable nombre se situe probablement un peu au dessus étant donné que j'ai probablement oublié quelques premières parties qui n'ont pas laissé de traces. Malheureusement pas de festival d'été cette année, j'espère me rattraper l'an prochain. Parmi ces 75 concerts je me sens beaucoup plus capable de dresser un classement que pour les albums. Certains artistes qu'on adore déçoivent, d'autres surprennent. Voici donc, dans l'ordre cette fois, ceux qui en 2007 m'ont laissé sur mon derrière.

  1. Akron/Family @ AB-Club - 17.04.07 - Bruxelles
  2. Justice @ Übel und Gefärlich - 12.07.07 - Hamburg
  3. Patrick Watson @ Botanique Rotonde - 10.05.07 - Bruxelles
  4. Scout Niblett @ La Chapelle de Boondael - 30.05.07 - Bruxelles
  5. Okkervil River @ Knust Club - 27.11.07 - Hamburg
  6. Emmy the Great @ King's College - 06/11/07 - London
  7. The Blood Brothers @ Trix - 29.01.07 - Antwerpen
  8. Frog Eyes @ D-Cliq - 31.10.07 - Luxembourg
  9. Handsome Furs @ Cactus - 07.10.07 - Brugge
  10. Beirut @ Postbahnhof - 05.07.07 - Berlin


En espérant que le cru 2008 soit aussi bon que le cru 2007, je vous souhaite une bonne année.

lundi 26 novembre 2007

Jonquil

Alors que l’hiver frappe à la porte l’envie de nous réchauffer au coin du feu de bois nous prend, un Jack Daniels à la main bien sûr, et les pieds solidement engouffrés dans la fourrure d’un ours blanc, cela va de soit. A cette petite scène bucolique loin du cliché hivernal manque pourtant un élément, la bande son. Ces quelques dernières semaines, « Lions », le deuxième album de Jonquil s’est montré un compagnon d’hibernation idéal. Les orchestrations légères et détachées y créent une atmosphère totalement envoûtante, évoquant tantôt la nonchalance parfaitement maîtrisée du premier album lo-fi de Akron/Family (« Lily »), tantôt la douceur de vivre aux teintes western d’Iron & Wine (« Magdalen Bridge »), ou encore certains passages de beauté nostalgique du « Tower of Love » de Jim Noir (« Sudden Sun »). Ce « Sudden Sun » justement est un bel exemple de l’étendue de la palette mélodique et rythmique du groupe, capables avec un simple rythme de métronome et quelques harmonies de transformer une balade sensuelle en un petit hymne joyeux à reprendre entre amis.

Mélangeant sans prétention des éléments puisés dans la pop, le folk, le post-rock et même le gospel, Jonquil séduit sans noyer l’auditeur. Ils nous ménagent même de subtiles transitions instrumentales entre les moments les plus forts du disque. La délicatesse et la fluidité avec laquelle ils mènent l’auditeur à l’un des points culminants de leur album, « Lions », est consternante. Quelques légères notes de xylophone se transforment en un rythme d’accordéon parisien ouvrant la voie à une chorale contant quelques brefs instants l’histoire d’un monde ou les lions auraient remplacés les hommes. Sorti de nulle part, ce morceau y replonge aussitôt, accompagné de bruits d’orage. On aimerait le suivre, voir ce qu’il advient de ce spectre rapidement évanoui mais le groupe à d’autres projets pour nous, d’autres horizons à nous faire découvrir.

Tout n’est pourtant pas réussi. Des titres comme « Whistle Low » manquent de peu de sombrer dans le grotesque lorsque les différents chanteurs prennent des voix graves et on ne peut s’empêcher d’éprouver un léger sentiment de redondance arrivant à la fin de l’album. Un goût d’inachevé également sur certains morceaux comme « Sleepy Little Pudding » où les bonnes idées et jolies cordes sont rapidement écartées pour laisser place à des divagations à l’intérêt limité. C’est là un des partis pris du groupe auquel il faut se faire pour réellement apprécier l’album, les plus beaux moments sont de courte durée. « I guess I should be afraid, thing is that’s a big decision » déclarent-ils, résumant ainsi parfaitement leur musique, ambitieuse mais insouciante. Enormément d’idées, d’assemblages et de bricolages qui entre les mains d’un autre groupe pourraient vite atteindre des sommets d’autosuffisance mais qui sur l’album de Jonquil s’imbriquent joliement, se complètent, ravissent et disparaissent bien avant de pouvoir être saisis.


Jonquil - Sudden Sun

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Jonquil - Lions

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Myspace

En rédigeant cette chronique je suis tombé sur un « Concert à Emporter » de la Blogothèque

avec Jonquil. Ce serait dommage de ne pas en profiter.






vendredi 23 novembre 2007

Blood Brothers R.I.P.


Après des semaines de rumeurs la nouvelle a été communiquée officiellement via leur site internet, les Blood Brothers ne sont plus. "Young Machetes", leur cinquième album sorti fin 2006, décrié comme leur pire opus par les fans de longue date était pourtant un de mes disques de l'année. Après un premier essai en demi teinte sur l'album précédent "Crimes", ils y avaient enfin trouvé l'équilibre entre les cris stridents et autres hurlements caractéristiques et leur sens de la mélodie qu'on leur soupçonnait depuis "Burn Piano Island Burn" mais qu'ils s'obstinaient depuis toujours à ensevelir sous leur son brutal. Beaucoup ont pensé qu'ils s'étaient ramolis mais ils livraient en réalité un album beaucoup plus subtil et varié. D'entrée de jeu les Blood Brothers donnaient le ton avec leur plus grand single, "Set Fire to the face on fire". Véritable hymne pyromane, à hurler dans sa voiture en reproduisant maladroitement les percussions sur son volant. Loin d'être un coup dans l'eau ils surenchérissaient sur le même album avec l'immense "Laser Life". "Young Machetes" est en fait l'album le plus chantable du groupe. Impossible de s'empêcher de les accompagner sur "Spit Shine Your Black Clouds" qui frole la balade romantique pour eux, d'hurler pendant "Vital Beach", d'entonner les "wooh-oh, oh oh oh!" de "Huge Gold AK-47", etc. C'est sans aucun doute mon album préféré des Blood Brothers et celui vers lequel je reviendrai le plus.

Les Blood Brothers ne sont donc plus et avec eux c'est tout un pan de mon univers musical qui est menacé d'extinction. Je ne veux pas être condamné à n'assister qu'à des concerts de folkeux pleurant sur leur guitare acoustique et autres bizaroïdes s'entourant de boites à rythme, pedales loop et synthétiseurs bricolés. Quel groupe pourra à l'avenir me fournir le bon concert énervé semestriel? Le paysage est loin d'être rose pour l'instant. Je ne crois pas en la reformation de Rage Against The Machine, At The Drive-In ont jeté l'éponge il y a des années, Death From Above 1979 aussi, Mclusky n'en parlons pas... Heureusement aucun des musiciens ne sont morts et ils sont tous actifs dans d'autres projets mais aucun n'atteignent le niveau du groupe qui a fait leur renommée. Jaguar Love et Neon Blonde, tous les deux issus des Blood Brothers peinent à convaincre. J'ai jamais pu encaissé The Mars Volta et malgré un bon premier album Sparta semble devenu un brin anecdotique. Seul Future of the Left, issus des cendres de Mclusky, sortent leur épingle du jeu avec "Curses" un des meilleurs albums de rock couillu de l'année.

Le quintet de Seattle nous quitte au sommet de son art, ça vaut probablement mieux comme ça. Avec leurs cinq albums et les deux concerts auxquels j'ai assisté (Pukkelpop 2005, Trix 2007) ils auront au moins contribué honorablement à me détruire les tympans. Merci.

vendredi 9 novembre 2007

This Town Needs Guns

La chronique des quatre titres de This Town Needs Guns présents sur l'album qu'ils partagent avec Cats and Cats and Cats, sorti mi septembre sur le label indépendant Big Scary Monsters (Yndi Halda, Meet me in St Louis, Jeniferever) me trotte dans la tête depuis quelques temps. J'écoute ces chansons tous les jours depuis des semaines, souvent plusieurs fois par jour, et je peine à identifier ce qui me séduit tellement chez ce quintet d'Oxford. Formation classique guitare/voix/basse/batterie/piano pratiquant un rock à la croisée des chemins de l'indie londonienne et des techniciens mélodiques du Nord de l'Angleterre on ne peut pourtant pas dire que le groupe révolutionne un genre. Peut-être est-ce le jeu de guitare, beau et rapide, technique sans en faire trop, privilégiant constamment la mélodie à la prouesse, dénué d’accords traditionnels, qui transforme véritablement la guitare en une deuxième voix, un second vecteur d'émotion. Ou encore ce piano qui accompagne subtilement les moments les plus doux de leur musique, sachant se faire oublier lorsqu'il n'est pas nécessaire, pour revenir en beauté souligner les plus beaux passages. Ou tout simplement la voix de Stuart Smith, toujours dans la retenue, parfaite pour des déambulations nocturnes nostalgiques dans les ruelles d'une ville pluvieuse. Nos groupes préférés ont tous un moment optimal pour être écoutés et pour moi c'est dans cette situation que j'apprécie le plus This Town Needs Guns; en rentrant chez moi de nuit, casque fermement vissé sur les oreilles, mains dans les poches, affrontant une fine bruine, le visage illuminé par les phares des voitures, le corps bousculé aléatoirement par les passants pressés tandis que mon esprit s'évade dans leur musique.

Leur musique pousse justement à la réflexion. Que ce soit par les notes qui nous évoquent des images du passé ou les textes détachés, de citadin désabusé, de grand enfant qui réalise qu'être adulte n'est pas tout ce qu'on lui a promis que ce serait.
"I'm sorry I'm a bit down tonight, but all my friends have lost their mind, once more, I'm not happy here anymore" déclare t-il en ouverture de "26 is dancier than 4" qui ouvre la face de l'album qui leur est consacrée. Il étale ensuite ses conclusions sur sa vie sans s'en plaindre, avec un défaitisme touchant dans sa voix, "It's just the same as it was before, same faces and I hit the floor", proposant ensuite un échappatoire auquel il ne semble pas véritablement croire "and we danced to all the same songs, like back when we were young, so let's get out of here while we can". Divagations d'un alcool triste qui ne trouveront pas de suites. Bizarrement le titre de leur deuxième chanson "If I sit still maybe I'll get out of here" semble plus approprié à leur première, mais ils choisissent de l’utiliser pour illustrer une relation sentimentale avortée. Après toutes ses introspections le groupe s'externalise enfin en guise de cloture avec "It's not true Rufus, Don't listen to the hat" sur laquelle ils semblent pour la premières fois sortir de leurs pensées pour adresser directement une troisième personne "Have some faith, don't you know that this is not a race, and we are not contenders". Cette sortie du cocon s'accompagne de moments beaucoup plus rudes, dans lesquels les guitares s'alourdissent, comme pour les protéger lors de cette incursion finale dans le monde extérieur. "We can only be ignored" concluent-ils. Qu’ils se détrompent.

Une fois encore je ne peux que vous encourager à vous
procurer légalement cet album, pour un maigre 7£, et ainsi soutenir un groupe et un label qui en valent vraiment la peine, pour qui chaque centime compte. Les quatre chansons de Cats and Cats and Cats sont de plus fort agréables aussi. En attendant la suite.


Site officiel - Big Scary Monsters - Myspace


This Town Needs Guns - 26 is dancier than 4

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lundi 5 novembre 2007

SDOLE Live

J'ai participé à un petit projet "Un concert - Trois chroniques" pour le blog de ToX. L'idée était d'obtenir trois points de vue différents sur le concert de Strange Death of Liberal England de ce samedi 3 novembre à la Rotonde du Botanique. Vous pouvez admirer le résultat en cliquant ici. Encore merci à ToX pour l'invitation.

et voici ce que j'en avais à dire...

Une entrée rapide et discrète sur la scène d’une rotonde à moitié remplie. Un membre du groupe agite un carton blanc arborant le nom du groupe en guise d’introduction, prenant à revers le public achevant sa commande au bar et l’ingénieur du son qui peine à retrouver la manette pour arrêter la musique. Une petite heure plus tard Strange Death of Liberal England quittera le champ de bataille à l’issue d’un concert blitzkrieg, comme ils sont arrivés, agitant simplement une pancarte « Dank U ». Entre les deux, pas une minute de répit. Le groupe enchaîne les titres de son premier album sans interruptions, quitte à prolonger un petit solo de guitare ou de batterie superflu pour laisser le temps aux autres membre du groupe de se réaccorder avant de se lancer dans le morceau suivant. Tel un bataillon de jeunes soldats guidés par la fougue et quelques grandes idées, doués mais bordéliques, attachants mais énervants, ils mènent leur assaut musical de Bruxelles comme ils l’entendent, quitte à déplaire.

Tandis que le claviériste se tient au garde à vous, Adam Woolway, chanteur et guitariste en chef, mène les hostilités avec sa voix faussée qui a le don de séduire ou de dresser les cheveux selon les moments. Malheureusement le réglage du son laisse un peu à désirer (fait rarissime dans cette salle) et ne lui rend pas justice. Le reste du groupe se plait à échanger d’instruments, rajoutant ainsi de la dynamique sans vraiment convaincre pour autant. Il n’y a par exemple pas de véritable batteur mais bien trois musiciens avec une formation en tambour. Aucunement dérangeant, cela renforce la martialité des rythmiques sur la plupart des morceaux mais ne leur fait pas honneur dans les envolées. Leurs compositions restent aussi solides que sur le disque. « A Day another Day », « An Old Fashioned War » et « Oh Solitude » sont livrées fidèlement. Parfois trop fidèlement. On aurait pu imaginer un prolongement de « An old Fashioned War» pour entraîner véritablement le public dans leur combat mais ils optent pour une fin abrupte. L’assaut final se fait sur « I saw Evil » où ils lâcheront enfin tout pour emmener leur chanson au niveau supérieur.

Un groupe prometteur donc, encore (très) jeune, mais qui possède énormément de qualités et qu’il faudra continuer à suivre. Reste à voir également combien de temps ils pourront conserver leur approche muette de l’interaction avec le public et si ils seront capables de trouver une autre solution sans pour autant sacrifier de la théâtralité qui fait leur charme.

lundi 29 octobre 2007

Les années 90

Une dizaine de jours sans billet alors que j'avais pris de bonnes résolutions (mentales). J'ai pourtant écouté plus de musique que jamais durant cette période. En vue d'une soirée dansante je me suis lancé dans un colossal travail d'archéologie musicale, à la recherche de pépites perdues des années 90s. Quel meilleur moyen en effet de mettre de l'ambiance dans une soirée que de jouer la carte de la nostalgie? Facile certes, mais tellement efficace. De toutes façons je ne suis jamais le dernier à céder à la facilité. Garant d'une certaine qualité d'écoute le jour, le soir venu je me fais putasse et troque volontier mon dernier 45 tours de Scout Niblett pour le nouveau Rihanna, mon intégrale d'Elliott smith pour le best-of de Justin Timberlake. Parce que les Vengaboys feront toujours plus bouger les foules non averties que iliketrains il faut savoir sélectionner avec soin la playlist de sa soirée, dont la musique n'est qu'un élément de succès parmi d'autres.

En vue de cette petite boom j'ai donc écumé les différentes plateformes de téléchargement plus ou moins licites et les tracklists des compilations vaseuses "vu à la télé" à la recherche de ces tubes, me concentrant donc sur les années 90s. Véritable torture auditive par moments, je suis arrivé à la conclusion qu'il existait trois catégories de succès populaires rétros: les titres qui ont fait un carton et restent encore aujourd'hui de véritables petites bombes (datées certes, mais pas ridées), les succès tellement mauvais qu'on peut les resortir aujourd'hui en rigolant, et le gros de la masse qui est condamné à disparaitre dans l'inconscient collectif, n'ayant marqué les gens ni dans un sens ni dans l'autre. Comme il serait dommage que je garde tout cela pour moi et mes convives, j'ai tout naturellement décidé de partager tout cela avec le monde entier. Voici donc mon top 5 des deux catégories les plus intéressantes:

Les winners: Top 5 des tubes des années 90 qui restent encore aujourd'hui de véritables bombes

Harvey Danger - Flagpole Sitta

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New Radicals - You get what you give

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Edwyn Collins - A Girl Like You

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White Town - Your Woman

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Mike & The Mechanics - Over My Shoulder

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Les losers : Top 5 des tubes des années 90 tellement mauvais qu'on les adore

The Outhere Brothers - Don't Stop (wiggle wiggle)

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Kim Kay - Lilali

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Ultimate Kaos - Casanova

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Babylon Zoo - Spaceman

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East 17 - Alright

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jeudi 18 octobre 2007

Dominique A


J'écoute peu de "chanson française" ces derniers temps. Non pas que je n'aime pas, il fut un temps ou Noir Désir, Fersen, Miossec, Arno et autres Daniel Hélin rythmaient mes journées. Seulement voilà, Bertrand Cantat sort à peine de prison donc il faudra encore attendre avant un nouveau Noir Désir, Fersen se complait maintenant dans des chansons niaises sur son chien ("Zaza"), Miossec devenu sobre se contente de truffer ses textes de clichés et lieux communs ("la mélancolie"), je n'ai pas osé écouté le nouvel album d'Arno qui n'a jamais confirmé le regain de forme qu'était "Charles Ernest" et Daniel Hélin m'agace un peu. Ne nous épanchons pas non plus sur la "nouvelle chanson française" dont aucun représentant n'est parvenu à retenir mon attention depuis bien longtemps... et ce n'est pas les petits nouveaux comme Adrienne Pauly avec leur style "bad girl" bien calculé qui me feront replonger. Je suis pourtant persuadé que, comme dans tous les genres, il suffit de chercher un petit peu plus loin que ce que Michel Drucker et Pascal Nègre régurgitent aux français moyens en prime time pour trouver des merveilles. J'attends vos suggestions, je n'ai pas le courage de débroussailler tout seul.

Reste que dans ce brouillard de médiocrité, un homme continue à frayer son chemin, loin des projecteurs, loin de la hype parisienne, à coup d'albums oscillants entre le bon et le superbe et de prestations scéniques d'une intensité rarement égalée. Dominique A sort ces jours-ci son premier album live, "Nos forces motrices", enregistré au cours de quatre dates françaises de sa tournée pour l'"Horizon". Fort de 15 titres, cet album retrace toute la carrière de Dominique A, ne s'attardant sur aucune période en particulier, comme un bilan scénique de son œuvre. Des titres qui ne m'avaient pas convaincus sur l'Horizon comme "La Relève" figurent maintenant parmi les plus beaux morceaux de l'album. "Tout sera comme avant" et "Le Bowling" paraissent encore plus sombres et inquiétantes. Même les titres les plus anciens comme "Le courage des oiseaux" (15 ans déjà) n'ont pas pris une ride et sont livrés ici dans des versions électrisées et rythmées. On peut toujours déplorer l'absence de certaines grandes chansons de Dominique A de la sélection (pas de "Les hommes entre eux", "En Secret", "Comment certains vivent", je pourrais continuer longtemps) mais le choix des morceaux reste cohérent, équilibré, laissant la place aux textes les plus forts, aux ambiances lourdes. De même, ceux qui préfèrent les chansons plus légères de son répertoire ("Pendant que les enfants jouent", "Les éoliennes", "Twenty Two bar", "Dans un camion", etc.) resteront sur leur faim. Un deuxième CD plus enjoué, car il en est aussi capable, n'aurait pas été de refus pour pouvoir explorer toute la palette live de Mr A. Mais je pinaille.

En attendant le nouvel album de Daniel Darc...

Site Officiel - Amazon



Dominique A - Tout sera comme avant (live)



Dominique A - Antonia (live)

mardi 16 octobre 2007

Noir Désir


Bertrand Cantat est libéré aujourd'hui. Bonne nouvelle. Il ne pourra pas publier de chansons faisant allusion au crime pour lequel il a été condamné. Deuxième bonne nouvelle. Je ne m'épancherai pas sur l'affaire, tout a déjà été dit. Reste que Noir Désir n'a toujours pas trouvé de successeur dans le paysage rock français.

En attendant la suite, un petit souvenir de Noir Désir, au sommet de leur art, en 2002 aux victoires de la musique (et le mp3 à emporter, pour ceux qui comme moi trouvent que cette version est de loin supérieure à l'originale).




MP3: Les Ecorchés - Live aux Victoire de la Musique 2002

mercredi 10 octobre 2007

Adam Gnade & Youthmovies


Je sais que tout le monde n'en a que pour Radiohead aujourd'hui. Soit. Si vous voulez vous changer les idées...

Souvenez-vous de la première fois que vous avez écouté "Relationship of Command" de At The Drive-In. Si arrivé à la cinquième plage, "Invalid Litter Department", vous avez comme moi adoré les élucubrations de Cedric Bixler sur un discret fond électrique vous risquez d'adorer cette collaboration entre Adam Gnade et Youthmovies. Si vous adorez les morceaux parlés de Xiu Xiu comme "Support our Troops" vous risquez d'adorer aussi. Si vous avez toujours détesté At The Drive-In et Xiu Xiu vous allez probablement adorer parce que cet EP ne ressemble véritablement à aucun des deux.

Les cinq pistes de "Honey Slides" sont le fruit du travail d'une sorte de poète fou, Adam Gnade (qui a déjà sorti un album, quelques EPs et collaborations difficles à trouver), et d'un groupe, Youthmovies (anciennement Youthmovies Soundtrack Strategies avec deux albums à leur actif sous ce nom) zigzagant entre un rock dansant et rythmé et une électronique expérimentale. Tandis que l'un déclame ses textes, dans la droite lignée des écrivains beat comme Hubert Selby Jr ou Hunter S Thompson les autres bâtissent des voutes sonores empruntant des éléments tant chez !!! (voir la plage titre "Honey Slides") que chez Johnny Greenwood et sa célèbre "machine à faire des bruits bizarres qu'il actionne en branchant et débranchant des cables" (comme quoi même quand on veut échapper à Radiohead...). Le résultat de ces mélanges est pourtant extrêmement cohérent. Le groupe séduit immédiatement avec un premier titre accrocheur et semble ensuite prendre l'auditeur par la main pour le mener progressivement des ambiances familières aux territoires inconnus, défrichant petit à petit le passage devant lui, présentant les difficultés une à une pour qu'elle n'en soit finalement plus. Loin des agressions frontales que l'on retrouve chez Xiu Xiu Adam Gnade et Youthmovies aident l'auditeur à apprivoiser leur monde au fil des morceaux. Une belle réussite.

"Fill our dressing rooms with gin and red wine and we'll give you back songs, none of this lasts forever"

Youthmovies - Adam Gnade - Try Harder Records


Adam Gnade & Youthmovies - Honey Slides



Adam Gnade & Youthmovies - It's Five O'Clock In America

mercredi 3 octobre 2007

Vieux Amis (pt 2) : The Good Life


Quelle est la probabilité qu'une école jésuite sévère d'Omaha dans le Nebraska couve simultanément ce qui deviendront deux des meilleurs artistes folk de leur génération? Quelle est la probabilité qu'ils soient en plus meilleurs amis? C'est pourtant ce qui est arrivé à Tim Kasher et Conor Oberst. Amis d'enfance, l'un a eu le succès que l'on connaît au sein de Bright Eyes tandis que l'autre en mériterait au moins autant avec The Good Life. Kasher sort aujourd'hui, "Help Wanted Nights", le quatrième album de ce groupe qui commença comme un simple projet solo, dans l'ombre de Cursive, et qui avec le temps est devenu une entité à part entière. Autant le dire tout de suite, ce "Help Wanted Nights" n'est pas son meilleur (voir "Album of the Year" sorti en 2005) mais c'est une des jolies surprises de cette rentrée.

Originalement conçu comme la bande son d'un scénario du même nom, "Help Wanted Nights" est devenu au fil de sa conception une collection de chansons librement inspirées des idées principales du film. Difficile en effet de trouver un fil conducteur ou de recomposer une histoire à l'écoute de cet album mais c'est voulu. Malgré son processus créatif différent les habitués de The Good Life se retrouveront en territoire connu. On y retrouve tous les ingrédients qui ont depuis toujours fait la magie de leurs albums, à commencer par l'écriture de Tim Kasher qui n'a pas son pareil pour écrire un texte sensible et déchirant à la fois sans jamais sombrer dans le cliché de l'amoureux éploré. L'amour et ses tourments sont pourtant au centre de chacune de ses chansons mais il parvient toujours à tourner ses propos joliment et simplement ("You're a fool for the wounded, I'm a man in need of bandages"), à jouer sur les mots et les sonorités ("You stopped stopping by to say hello, you started starting up every time I called") et à s'inventer des métaphores efficaces ("One man's bed is another man's resurrection"). Sa voix légèrement cassée, hésitant en permanence entre les graves et les aigus, parvient à trouver un équilibre entre ses textes et ses mélodies, échappant ainsi à la surcharge émotionnelle qui pourrait émaner d'histoires aussi introverties.

Ce quatrième album est une jolie réussite et convainc bien plus que le dernier Cursive ("Happy Hollow"), dans lequel le talent de Tim Kasher semble se diluer dans un océan de guitares électriques. Les instrumentations de ce disque sont au contraire toujours délicates, se faisant facilement oublier derrière leur meneur. Même si The Good Life est aujourd'hui un groupe à part entière on sent que tous les morceaux sont élaborés et dirigés à la guitare sèche sur laquelle viennent se greffer les autres musiciens. Et c'est comme cela que ses chansons fonctionnent le mieux... Il y a pourtant de fortes chances que ce soient ces allers-retours entre ses deux projets qui permettent à Kasher de livrer des albums aussi beaux et personnels que ceux de The Good Life.


The Good Life - Picket Fence



The Good Life - Playing Dumb



Site Officiel - Myspace


Et je ne résiste pas à vous proposer le très beaux duo entre Conor Oberst et Tim Kasher, "Drunk Kid Catholic", que l'on retrouve sur "Noise Floor", l'album de faces B et autres raretés que Bright Eyes a sorti à la fin de l'année passée.

Bright Eyes - Drunk Kid Catholic

vendredi 28 septembre 2007

Strange Death Of Liberal England

Avant de continuer la série sur nos vieux amis j'aimerais revenir sur le premier album de Strange Death of Liberal England, "Forward March!", passé relativement inapperçu à sa sortie début juillet. J'ai moi-même déjà brièvement évoqué ce groupe de Portsmouth il y a quelques mois lors de la parution de leur premier 45 tours, l'impressionant "A Day, Another Day". Je les comparais à l'époque à un groupe imaginaire dans lequel les membres de Silver Mt Zion reprendraient du Arcade Fire. A l'écoute des huit titres qui composent ce court premier album je peux maintenant rafiner un peu cette description. Imaginez plutôt un Silver Mt Zion laissant toute sa prétention au vestiaire, se concentrant sur le principal, pour créer de vraies petites chansons pop où il n'y aurait pas de place pour les divagations erreintantes de leur leader. Rajoutez à cela l'enthousiasme et l'émotion véhiculés par cinq personnes chantant à l'unisson et vous obtiendrez des chansons concises et puissantes. L'ombre d'Arcade Fire planant lourdement sur la scène du rock indépendant depuis trois ans les assimilations vont pleuvoir mais ce serait injuste de les étiqueter comme imitateurs (même si il est difficile de ne pas penser à "Power Out" à l'écoute de "Oh Solitude"). Arcade Fire eux-mêmes n'ont fait que joliement remettre au gout du jour des recettes déjà testées et approuvées par Talking Heads dans les années 80 ou les Beach Boys avant eux.

"Modern Folk Song" ouvre l'album sur une guitare acoustique et électrique qui s'entremêlent délicatement, servant de fond mélodique aux harmonies d'Adam Woolway. Cette première minute trompeuse est immédiatement balayée par l'artillerie lourde du groupe, leur leader déclarant "Thanks but I'll go my own way" comme un pied de nez à l'aspect conventionnel de leur introduction. Les guitares électriques se font aériennes et la grosse caisse démarre pour rythmer leurs voix à l'unisson. "Oh Solitude", deuxième single du groupe, sonne l'urgence et l'enthousiasme rêveur d'une jeunesse armée de tambourins et de grandes idées ("I paint my dreams upon the wall!"). "A Day, Another Day" reste le single imparable découvert en mars dernier, comme une fanfare découvrant le post-rock. C'est pourtant "An Old Fashioned War" qui vole la vedette sur ce premier album. Le groupe semble y prendre la tête de l'armée fantoche du magicien d'Oz pour la mener au front sur une chanson s'accélérant à la manière d'une kalinka.

Sur "Mozart on 33" Strange Death of Liberal England parvient à éviter le sentiment de redite sur un titre plus faible grâce à l'introduction d'un banjo. Suivent deux titres formant une sorte de diptyque clair/obscur où les meilleurs sentiments du groupe sont contrebalancés sur une chanson où le ton et les instruments se font beaucoup plus agressifs et menaçants. L'album se clos finalement sur un morceau dispensable à la lumière de ce qui a précédé, où le groupe retrouve ses profondes influences et prouve au monde entier qu'ils ont très bien assimilé leur leçon de Mogwai.

Difficile de comprendre pourquoi un album de cette trempe reste aussi confidentiel. Un rapide coup d'oeil sur Hype Machine nous révèle que seuls deux blogs sur les milliers référencés ont évoqué le groupe depuis la sortie de leur album. Une injustice que j'espère contribuer à réparer à ma manière.

Strange Death of Liberal England - An Old Fashioned War



Vidéo de "Oh Solitude"


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mercredi 19 septembre 2007

Vieux Amis (pt 1) : Stars & Okkervil River

Après deux mois et demi d'errances je me retrouve à la tête d'une montagne de nouveaux albums à écouter et digérer. Avant de me lancer dans les découvertes je me réfugie dans le confort des territoires connus, les nouveaux albums de quelques vieilles connaissances. Impressions

Stars - In Our Bedroom After the War

Je n'ai jamais été très client des canadiens de Broken Social Scene. J'ai pourtant longtemps essayé. C'est finalement après un concert légèrement ennuyeux que j'ai capitulé, ce groupe ne me touche pas. Tout le contraire du projet parallèle de Torquil Cambpell et Amy Milan, Stars. "Set Yourself on Fire" fut un de mes disques de chevet en 2005 et leur concert à la rotonde du Botanique de Bruxelles reste un de mes plus beaux souvenirs de scène (et je ne pense pas trop m'avancer en disant que ce le fut également pour eux si on en croit un Torquil au bord des larmes répétant entre chaque morceau que c'est le plus bel endroit dans lequel ils aient jamais joué, leur meilleur concert). Que penser donc de ce nouvel album qui contient à la fois le meilleur et le pire de la carrière du groupe? Si l'on s'arme de son bouton skip, c'est une belle réussite, le digne successeur de "Set Yourself on Fire". Après une petite intro rythmée par un battement de coeur "The night starts here" ouvre le bal de manière ambiguë. Opposition entre des nappes de synthétiseur et de basse saturées de feedback et les voix de Milan et Campbell qui se répondent. Passé la première surprise il faut reconnaître que cela fonctionne plutôt bien. "Take me to the Riot", premier single annoncé, est calibré FM. Leurs deux voix à l'unisson dans les couplets et un refrain accrocheur, rapide, où Campbell peut se se lâcher. Jamais conventionnel pour autant.

L'album coule ensuite (très) joliment jusqu'à "Ghost of Genova Heights" où Campbell déchaîne son funk intérieur. L'effort est louable mais n'est pas Prince qui veut. Skip. Comme sur tous les albums de Stars à ce jour (c'est leur quatrième), la deuxième partie (Face B?) est sensiblement plus faible que la première mais reste de bonne facture si on oublie "Barricade" qui semble tout droit sorti d'une comédie musicale américaine sur la révolution française. L'album se termine par contre sur un titre monumental, peut-être mon préféré de Stars à ce jour, où Campbell y réussit tout ce qu'il a raté sur "Barricade". Bien sûr il faut ranger sa carapace au placard. De toutes façon Stars n'a jamais été un groupe pour machos. Je ne peux m'empêcher de penser au "I Fought in a War" de Belle And Sebastian en l'écoutant. C'est une overdose de sucre (Campbell n'a jamais aussi bien crooné), truffé de bons sentiments ("Listen the birds sing! Listen the bells ring! The War is over!"), pompeux à souhait (merci les violons et l'envolée). Ca pourrait très bien être le bouquet final de leur comédie musicale. Pourtant c'est parfait.


Stars - In Our Bedroom After the War


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Okkervil River - The Stage Names


J'ai déjà longuement évoqué "Black Sheep Boy" dans ces pages virtuelles. Tout comme Stars, le précédent album d'Okkervil River a longuement usé mon lecteur. Will Sheff et sa bande nous reviennent deux ans plus tard et une chose est sûre, ils veulent réclamer leur dû. "Black Sheep Boy" a rencontré un beau succès d'estime mais ne les a pas (et c'est injuste), révélés à un plus large public. Ils l'ont mauvaise. Will a sorti sa guitare éléctrique et la grosse caisse est dépoussiérée. Le ton est donné immédiatement sur "Our Life is not a Movie or Maybe". Ce disque sera résolument rock, le son plus gros. Fini de se lamenter avec une guitare acoustique dans des jardins fleuris (cfr concerts à emporter). Les rythmes s'accélèrent, les pianos se saccadent et un solo de guitare électrique couillu fait même son apparition. La voix de Sheff douce et grave dans les moments plus calme vire à l'aigu quand il s'excite et il dévoile une agressivité qu'on ne faisait que lui soupçonner jusqu'à maintenant. Sur "A Hand to Take Hold of the Scene", le troisième morceau de l'album, le groupe surpris par tant de hargne semble tenter d'adoucir le propos de son chanteur en lui joignant quelques coeurs féminins et une section cuivre.

Comme s'il avait compris le message, Sheff fait un virage à 180°. "Savanah Smiles", une berceuse rythmée par une horloge et menée au xylophone. Tant pis pour ceux qui avaient succombé à ce côté plus sombre, la suite de l'album sera résolument plus calme. "Plus Ones" aurait pu figurer sur "Black Sheep Boy", c'est de l'Okkervil River pur jus. Simple et beau. Quelque part à la croisée des chemins de l'americana et du folk. Will Sheff y console une amie comme seul un homme qui a également beaucoup souffert peut le faire, "No one wants to hear about your 97th tear...". Par le passé il aurait peut-être interprété cette chanson seul à la guitare mais aujourd'hui il s'adjoint d'un piano et de cuivres. C'est là la principale faiblesse de l'album. Tous les instruments qui entourent Sheff durant les moments plus calmes ne parviennent pas véritablement à convaincre. Un sentiment que l'on retrouve malheureusement trop souvent sur des chansons en demi-teinte. Okkervil River fonctionne le mieux en mode rock sans complexe ou complètement dépouillé mais peine à trouver un juste milieu. Les titres plus calmes teintés d'americana à coup de pedal steel et de piano semblent trop chargés et on se surprend à n'apprécier véritablement que les passages où Will Sheff se retrouve seul. Ce juste milieu ils en sont pourtant capables, la preuve avec le superbe "Title Track" où la voix et les instruments parviennent à se compléter sans jamais se mélanger.

« Black Sheep Boy », s’ouvrait sur la reprise de la chanson de Tim Hardin du même nom. Cette fois-ci les Okkervil River décident de rendre hommage à un de leurs aînés en clôture d’ album. « John Allyn Smith Sails » se transforme petit à petit en « Sloop John B » de Brian Wilson. « I feel so broke up, I want to go home ». Bien malin celui qui décèlera un thème récurrent…


Okkervil River - Our Life is not a Movie or maybe



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jeudi 9 août 2007

Benjy Ferree

J’interromps le calme relatif de ces mois d'été pour vous entretenir de Benjy Ferree dont le premier album "Leaving the Nest" est passé relativement inaperçu en ce début d'année malgré une sortie sur Domino. Découvert aux hasards de mes pérégrinations sur Internet, ses chansons m'avaient séduites mais je ne m'y étais pas attardé étant donné l'avalanche de nouveautés à cette période. Depuis quelques semaines j'y suis pourtant revenu et c'est en passe de devenir un de mes albums de l'été.

Ces dix chansons sont un petit condensé d'histoire de la musique contemporaine américaine. Le voyage commence quelque part en Louisiane avec"In the country side", un habile mélange entre un rythme cinq temps qui n'aurait pas déplu aux pionniers du Jazz et une guitare tantôt acoustique, tantôt électrique saturée. Le tout est assemblé en une chanson pop digne des Kinks. Changement de ton radical sur "Dogkillers" qui nous ramène vers les mégapoles sales et embrumées du Nord, influences Stooges et garage rock prennent le dessus. Benjy Ferree nous rapatrie ensuite dans le Bayou, il a enfilé son costume de Charles Ingals, a posé le pied sur le tabouret et nous offre une petite berceuse mélancolique au violon pendant que Caroline sifflote et gratte sa planche à laver avec ses doigts chapeautés de dés à coudre. Il reprend ensuite sa carriole, le brin de paille aux lèvres, et se dirige vers la Californie en entonnant avec une voix éreintée par les folies de la veille "The Desert", une balade ensoleillée de banjo et de maracas, . En chemin il se souvient de son enfance et d'un amour passé qu'il nous conte dans une sorte de gospel nostalgique sur "Private Honeymoon".

Benjy Ferree semble sortir du même moule qu'un Jack White, avec des influences très diverses parfaitement assimilées et assumées. Son chant ressemble par moments fortement à celui du leader des White Stripes, particulièrement sur des titres tendus comme "Leaving the Nest". Passé "Hollywood Sign" la qualité pique malheureusement du nez. Cela reste très agréable mais ne retient plus vraiment l'attention. Il réutilise des recettes qui fonctionnaient bien sur les sept premiers titres de l'album mais ici ça ne parvient plus vraiment à décoller. "In the Woods" par exemple démarre très joliment avec un texte enfantin rappelant les plus beaux moments de Daniel Johnston puis s'enlise dans un refrain de "Sleeeeeeeep" tiré en longueur qui laisse un goût d'inachevé. Benjy Ferree est une sorte d'épicier qui mets à l'avant de son étalage ses plus beaux fruits et légumes, très variés et alléchants et range un peu plus en retrait ceux qui ont quelques coups et taches mais qui restent tout à fait mangeables. Le tout nous donne donc un premier album très réussi dans lequel il nous présente toute sa palette de talent à ce jour mais qui manque parfois d'un petit peu de cohésion. Peu importe pour l'instant, je sens que cet homme ne fait que commencer...


Benjy Ferree - In The Countryside




Benjy Ferree - The Desert



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dimanche 15 juillet 2007

Beirut - Live à Berlin 05/07/2007

Me voilà rentré d'un road trip d'un peu moins de dix jours en Allemagne dont les points musicaux culminants furent le concert de Beirut à Berlin et un concert secret de Justice au 4e étage d'un bunker à Hambourg. Repartant demain pour quinze jours je ne dispose pas d'énormément de temps. Voici donc juste quelques photos de Beirut... J'ai redimensionné les photos pour pouvoir en mettre plusieurs, des versions haute qualité sont disponibles sur demande.