]]>

dimanche 13 mai 2007

Patrick Watson


Certains mythes planent sur le monde du rock comme des épées de Damoclès. Commandées par une armée de critiques et chroniqueurs, elles s'abattent inlassablement sur tout nouveau venu dont le style ou la voix ose évoquer un illustre aïeul. JF nous parlait il y a quelques semaines du toujours omniprésent fantôme de Noir Désir dans le monde du rock français lors de son billet sur La Maison Tellier, aujourd'hui c'est au tour d'une autre légende. Débarrassons nous donc immédiatement de ce spectre un peu trop pesant: oui, il est impossible en écoutant certains titres de Patrick Watson de ne pas penser à Jeff Buckley. Les deux hommes ont des voix similaires, aussi à l'aise dans les couplets plus graves que dans les envolées lyriques fragiles. Voilà, c'est dit, nous pouvons passer à autre chose car Patrick Watson a beaucoup plus à offrir qu'un simple pastiche de Grace.

Patrick Watson sont de Montréal même s'ils n'y sont pas nés. "Sont", parce que Patrick Watson est un groupe, qui porte le nom de son compositeur en chef. Pianiste classique et de jazz de formation, Mr Watson aime citer Debussy et Satie parmi ses influences principales et bien que sa musique soit plutôt orientée rock/songwriter on y retrouve bien tous ces éléments. Ses accompagnements au piano sont toujours superbes, souvent émouvants, rappelant la sensibilité du premier album de Maximilian Hecker. Le résultat est pourtant loin d'être dépouillé. Le groupe aime jouer sur des textures sonores, envelopper les mélodies dans des ambiances sous-marines à l'aide de sample vocaux bouclés et mis en écho ou d'un ballon gonflable libérant doucement son air sur les cordes d'une guitare. Loin de s'enfermer dans un carcan de singer/songwriter, le groupe n'hésite pas à expérimenter, à s'éloigner des mélodies pour complètement déconstruire la chanson et entrer dans des territoires plus sauvages, rugueux, sans jamais perdre l'attention de l'auditeur.

La musique du groupe prend véritablement toute son ampleur sur scène. Le talent de Patrick Watson (homme) et son sourire d'enfant, casquette avec oreilles battantes solidement vissée sur la tête, en font un personnage hypnotisant. Lorsque nos yeux parviennent finalement à se décrocher de lui on découvre pourtant tout un groupe terriblement efficace et dont la contribution à la musique est loin d'être anodine. La voix de Patrick Watson ramène pourtant toujours notre regard sur lui. Pendant que nous examinions le pedal steel du guitariste il s'est levé de son piano et avancé à l'avant de la scène armé d'un simple modulateur pour sa voix. Les sons qu'il parvient à en sortir sont captivants, sa technique unique. On se perd dans son chant et dans son assemblage d'échos, si bien qu'on ne réalise pas toujours que ce n'est parfois plus lui mais le batteur qui chante les backing vocals. Ce n'est pourtant pas un tricheur et il n'a nul besoin d'appareillages compliqués pour tenir la salle dans la paume de sa main. Il le prouve en descendant dans le public, pour un "Man under the sea" sans micro, accompagné à la guitare sèche et au tambour par le reste du groupe venu avec lui. Les sceptiques convaincus, ils peuvent retourner sur scène pour terminer la chanson sur des envolées de pianos et guitare électrique.

Trois chansons du deuxième album de Patrick Watson, justement intitulé "Close to Paradise" pour les découvrir. Nous suivrons la logique de ce billet dans leur présentation. Tout d'abord, "Giver" dans lequel le fantôme de Buckley est le plus présent. Ensuite "Weight of the World" qui mets bien en valeur les recherches sonores du groupes, l'utilisation des textures qui rendent ce disque véritablement hantant, la voix de Patrick Watson qui fait planer une tension légèrement inquiétante sur l'ensemble du titre. Finalement, "Man under the Sea", Patrick Watson dénué de tout artifice pour nous livrer une chanson simple et sublime.


Patrick Watson - Giver



Patrick Watson - Weight of the World



Patrick Watson - Man Under the Sea




Site Officiel - Myspace - Acheter "Close to Paradise" sur Amazon


Et comme si composer une musique aussi belle ne suffisait pas, leurs clips sont à également superbes... Voici ceux de "Drifters" et "The Great Escape"






Parce que certains n'en ont jamais assez, sur la video live filmée au festival Icelandic Airwaves l'an passé vous pouvez voir (après un peu plus de deux minutes de blagues style "stand-up" de notre homme) sa technique de chant particulière armé de sa pédale d'echo/loop.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Bonsoir, et bravo pour cet excellent billet avec de bons liens dedans et une description quasi parfaite du groupe, de l'homme, des musiciens et de leur prestation sur scène, le tout formant une expérience unique à vivre, musicale et émouvante...

Berlebus (alias Luc Boland) a dit…

Voici quelque chose qui devrait faire plaisir aux fan de Patrick Watson : une composition improvisée avec Lou, un p’tit gars aveugle et mélomane (de par une déficience mentale). Réalisé au Botanique lors du sound-check puis repris ensemble à la fin du concert d’avril 2012. (à voir sur le blog).