Sous le pseudonyme Pagan Wanderer Lu, Andy Regan nous concocte depuis bientôt sept ans des petites chansons, à la croisée des chemins de la pop, de l'électronique et du folk. Bidouilleur hors pair et homme orchestre prolifique, il a sorti fin de l'année passée son 10ème EP "The Independant Scrutineer" sur le petit label londonien Brainlove Records. Cette collection de six chansons mérite amplement qu'une oreille attentive s'y attarde tant il y fond habilement des textes entre la rêverie et le désabus sur des mélodies pop extrêmement accrocheuses. Il compose typiquement des chansons à tiroirs, charmant l'auditeur attiré par son petit monde sucré avant de lui révéler toute la portée de son propos au détour d'un vers teinté d'humour.
Le premier titre de l'EP, "The Memorial Hall" en est l'exemple parfait. Après une introduction dépouillée, évoquant les guerres menées à l'étranger par son pays, le tout sur des sonorités graves, il lâche une ligne électronique dansante au possible soulignant la légèreté dans laquelle les gens continuent à vivre au pays. "Now we remember the Disco they're holding tonight at the memorial hall!" s'exclame-t-il subitement, lorsqu'au milieu de son laïus sur la guerre il se rappelle qu'il y a une fête le soir même au "Memorial hall". La guerre est remplacée dans son esprit par des rêveries de filles qui seront présentes ou pas le soir même. Le cas de conscience revient ensuite au galop lorsqu'il réalise que c'est peut-être indécent d'enflammer la piste de danse entouré de noms de vétérans gravés sur les mûrs... et puis non: "If there's a point to the fighting, any point at all, it's so we can dance in the memorial hall!".
Malgré des textes touchant à des sujets sensibles il serait injuste de classer Pagan Wanderer Lu comme un artiste politique, ou pire encore, "engagé". Les points de vue qu'il adopte sont ceux de tout-un chacun, il n'y a pas de condamnation du pouvoir ou de grands discours prêchi-prêcha. C'est simplement Mr Toutlemonde qui réalise que le nouvel hôpital qu'ils ont construit près de chez lui est complètement nul ("And you can paint a funny mural on the children’s ward but there’s not as many beds as there were before"), qui s'interroge sur son quotidien, etc. Peu d'artistes parviennent à mêler aussi habilement une musique naïve et un texte profond.
Pour terminer cette chronique, nous nous devons de mentionner le doublé "Repetition 1" et "Repetition 2", qui aborde joliment les questions que nous nous posons tous en voyant que certaines personnes préfèrent se faire exploser au milieu d'une foule plutôt que de vivre leur vie. Véritables pierres angulaires de cet EP, ces deux titres commençant par la même phrase "There's a brand new dance and It's easy to do" nous exposent deux facettes de leur créateur. "Repetition 2", que je vous propose d'écouter ici-bas, est issue du même moule que "Memorial Hall". Un titre pop, rêveur et ensoleillé, qui dans un monde parfait deviendrait une sorte de tube de l'été. Capable de faire danser et réfléchir à la fois, c'est PWL au sommet de son art. "Repetition 1" est une affaire plus intimiste, dénonçant les dérives de la routine d'un point de vue plus personnel, torturé.
Vous l'aurez compris, si vous êtes à la recherche d'une pop anglaise dansante et intelligente, foncez sur Pagan Wanderer Lu. Ses EP ne sont pas faciles à trouver sur un support physique en dehors d'Angleterre (bien que vous puissiez les commander facilement par Brainlove Records ou par un disquaire indépendant de qualité tel Norman Records). Pour palier à cela, son site personnel vous propose un album en téléchargement gratuit, son myspace offre bien sûr quelques titres en streaming et son dernier EP est disponible sur E-Music. Autant de moyens légaux pour soutenir un artiste qui le mérite, et qui lui permettront peut-être un jour de ne plus jamais s'entendre dire "I'm sorry Mr Regan but your card has been declined"...
Pagan Wanderer Lu - Repetition 2
(En accord avec Mr PWL, la chanson a été retirée après deux semaines.)
Site Officiel - MySpace - Brainlove Records - E-Music
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